Nucléaire : Joe Biden veut nouer de nouvelles relations avec l'Iran

L’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, physicien iranien, fait ressurgir le dossier sensible du nucléaire persan. Si depuis l’élection de Donald Trump, les États-Unis étaient restés en retrait, il se pourrait que la victoire de Joe Biden sauve l'accord de Vienne.

Il était la tête pensante de l'arme atomique en Iran. La mort de Mohsen Fakhrizadeh, tué par balle non loin de Téhéran vendredi 27 novembre, représente un nouvel épisode d'un polar à la James Bond. Le débat politique était vif dimanche à Téhéran sur la réponse à apporter à l'assassinat, attribué à Israël, de cet éminent physicien nucléaire iranien, à la veille de son inhumation.

Au Parlement, les députés plaidèrent en faveur d'une loi par laquelle l'Iran cesserait d'autoriser l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à inspecter ses installations nucléaires. En Iran, c'est toutefois le Conseil suprême de la sécurité nationale qui a la haute main sur les décisions relatives au dossier nucléaire.

Selon Téhéran, Israël est derrière la mort de Fakhrizadeh. Accusant l'Etat juif de vouloir semer le "chaos", Hassan Rohani promet une riposte "en temps et en heure". Mais il n'entend pas non plus que l'Iran ne tombe dans le "piège" tendu selon lui par Israël. Depuis l'annonce de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, Téhéran multiplie les signes d'ouverture pour sauver ce qui peut encore l'être de l'accord international sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015. Ce pacte offre à Téhéran un allègement des sanctions internationales en échange de garanties, vérifiées par l'AIEA, destinées à attester de la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire.

Vers une nouvelle ère ?

Avec l’arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden, les cartes semblent redistribuées. Dans une tribune pour CNN, le président fraîchement élu déclarait récemment : « J'offrirai à Téhéran une voie crédible vers la diplomatie. Si l’Iran revient au strict respect de l’accord sur le nucléaire [négocié en 2015], les États-Unis rejoindront l’accord comme point de départ de négociations. » Pendant ce temps, Donald Trump, encore président jusqu’au 20 janvier, continue de soutenir Benyamin Netanyahou. Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo, venu en Israël lundi dernier, cherche à « contrer l’influence nocive de l’Iran dans la région ».

Dans les années 2000, les États-Unis s’inquiètent que Téhéran veuille se doter d'armes de destruction massive à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Il s’ensuit une longue série de discussions destinées à limiter le nombre d’États possédant ce type d'armement. En 2015, l’accord de Vienne est signé par les pays du P5+1 (Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Russie, États-Unis), afin de contrôler le programme nucléaire iranien. Mais en 2018, Donald Trump se retire de cet accord pour marquer une rupture avec son prédécesseur Barack Obama.