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Indemnité inflation : du chèque énergie au chèque de la discorde

Mise en place par Matignon jeudi 21 octobre pour lutter contre la flambée des prix de l’énergie et des carburants, l’« indemnité inflation » continue de diviser la classe politique. Sur cette mesure contestée, l'opposition prend bruyamment la parole.

Pour préserver le pouvoir d'achat, Jean Castex avait annoncé la création d'une aide exceptionnelle de 100 euros. Les Français aux revenus inférieurs à 2000 euros net par mois pouvaient en bénéficier. La mesure concerne 38 millions de personnes. A droite comme à gauche, l'opposition fustige une mesure jugée "dérisoire". Jordan Bardella, nouveau président du Rassemblement national, y voit un "speculos de 100 euros" de la part d'un gouvernement qui "ne comprend strictement rien à la souffrance des Français, à [leur] détresse sociale". Il dénonce également le coût d'un tel projet - 3,8 milliards d'euros - et ses conséquences sur le déficit public. Chez les Insoumis aussi, le ton est dur. Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis, dénonce une "indemnité de la trouille". L'occasion de rappeler au gouvernement l'origine de la contestation populaire des Gilets jaunes, trois années plus tôt : la hausse des prix des carburants.

Un gouvernement critiqué pour ses effets d’annonce

Avec la discrète mais réelle reprise du mouvement des Gilets jaunes à la rentrée, l’opposition déplore des "effets d’annonce" destinés à apaiser la grogne montante des Français. Michel Barnier, candidat malheureux à la primaire de la droite, dépeint la mesure comme "la conjugaison de l’opportunisme électoral et de la bureaucratie". Mise en place à partir de décembre 2021, cette mesure s'inscrit bel et bien dans un contexte de campagne présidentielle. Invitée de France Info samedi 23 octobre, Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, a défendu une "mesure d'urgence", "ciblée" pour réagir au "choc soudain inflationniste" créé par la crise sanitaire et économique. "Tous ceux qui nous expliquent que c'est électoraliste sont ridicules", a-t-elle blâmé pour faire taire les contradicteurs.

Une tribune pour les candidats à la présidence

La polémique sur le bien fondé de cette mesure aura pourtant créé une tribune idéale pour l’opposition, et plus particulièrement pour les candidats à la présidentielle. Michel Barnier n’entendait pas seulement critiquer l’action gouvernementale. Rapidement, il saisit l'occasion de présenter ses solutions à la problématique des taxes qui représentent aujourd'hui près de 60% du prix des carburants. Sur BFM TV, il exprimait sa volonté de "supprimer la TVA sur les taxes" et d’"arrêter de distribuer des chèques qui sont d'ailleurs de plus en plus des chèques en bois ou en blanc aux générations futures". Sandrine Rousseau, alors candidate écologiste à la présidence, réagissait par un tweet acéré : "100 balles et 1 mars. Et circulez il n’y a rien d’autre à voir". Entre les effets d'annonce de certains et les tribunes exaltées des autres, la campagne présidentielle semblait donc bien lancée.

Un appel à la baisse des taxes

Finalement, c’est face au Premier ministre que les diverses familles de l'opposition trouvent un terrain d'entente. Julien Odoul, porte-parole du Rassemblement national, dénonce un "gouvernement [qui] multiplie les fausses excuses pour ne pas diminuer les taxes". Ferme, il propose "une réduction immédiate de la TVA de 20 à 5,5%". Le discours est le même chez Arnaud Montebourg. L'ancien ministre socialiste et candidat à l'élection présidentielle n'a qu'un slogan : "Baissez vos taxes !"