La COP26 de Glasgow, un échec ?

Du début à la fin, la COP26 de Glasgow fut marquée par l'indifférence, aussi bien chez de nombreux chefs d'État que dans l’opinion publique mondiale. Elle s'est terminée le samedi 13 novembre dernier avec un accord conclu in extremis qui n'a paru satisfaire personne.

La conférence sur le climat de Glasgow commençait mal dès le départ, le 31 octobre 2021, et elle n’a pas vraiment mieux fini. Dès le début, Boris Johnson affirmait sa déception, en particulier à cause de l’absence du président chinois Xi Jinping, dont le pays est le premier pollueur de la planète. Le ton était ainsi donné, on ne devait pas s'attendre à ce que des engagements historiques soient pris à l'issue de la conférence. Le contenu de l'accord du 13 novembre dernier a d'ailleurs confirmé la perspective pessimiste du Premier ministre anglais.

Un point d’étape décevant

L’objectif de ce sommet était de faire un point sur la mise en œuvre de l’accord de Paris, signé en 2015. Repoussée d’un an, à cause de la crise de la Covid-19, la conférence sur le climat a commencé sur un constat décevant, face aux faibles résultats obtenus six ans après. L’émission des gaz à effet de serre a augmenté dans le monde entier, et les aides apportées par les pays dits "riches" aux pays en voie de développement n’ont pas atteint les 100 milliards par an prévus dans l'accord de 2009. Toutefois, cela n’a pas empêché l’inclusion de nouvelles mesures pour les années à venir.

Quelles « avancées » pour le climat ?

Il aura fallu plusieurs nuits de tergiversations pour que les 197 États participant à la COP26 arrivent à un accord commun, assez insignifiant dans l’ensemble. La fin de l’exploitation des énergies fossiles d’ici la fin de l'année 2022, en particulier le charbon, est un des objectifs majeurs fixés. Ensuite, les États s’engagent à réduire de 45% les émissions de gaz à effet de serre, d’ici 2030. On en est encore bien loin. La réduction des émissions de méthane est une autre mesure phare introduite dans le texte. Bien sûr, l’accord réaffirme l’objectif de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5°C d’ici 2050. Rien de très neuf donc, si ce n’est que cet objectif paraît de moins en moins réalisable, d'autant que l’ONU estime qu’au vu des résultats de l’application des accords de Paris, une augmentation du mercure de 2,7°C est envisageable. D’ailleurs, la plupart des chefs d’État ne sont pas sortis enthousiastes de ce sommet.

Des avis mitigés

« L’accord […] est un grand pas en avant », affirmait Boris Johnson dimanche dernier. Le Premier ministre britannique ne pouvait pas faire profil bas. Mais sa déclaration est loin d’être représentative de l’humeur des autres chefs d’État. La Chine et l’Inde, bien que signataires du traité, sont insatisfaites. Le point de désaccord est l’insistance dans le texte sur la réduction de l’usage des énergies fossiles, en particulier le charbon, dont ils sont les premiers consommateurs mondiaux. La ministre de la Transition énergétique Barbara Pompili n’a pas caché, quant à elle, sa déception samedi dernier, en concédant qu’il « n’était pas le texte plus ambitieux du monde ». Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace, a exprimé sa colère face à ce texte : « C’est mou, c’est faible, et l’objectif de 1,5°C est à peine en vie », a-t-elle déploré. L’on reconnaîtra tout de même qu’il est difficile de satisfaire ce mouvement et ses leaders, pour qui la planète est en perdition depuis déjà longtemps. Malheureusement pour eux, leurs prédictions alarmistes sont loin de s'être révélées vraies pour l'instant.

Un sommet mal venu

Le contexte diplomatique très tendu entre les États-Unis et la Chine sur la question taïwanaise ne pouvait être occulté par un sommet sur le climat, malgré l’importance que tant de commentateurs ou de militants voulaient donner à la question. Il faudrait que la lutte contre le réchauffement climatique soit l’occasion de dépasser les divisions entre les pays et la recherche de leurs intérêts propres. Mais la réalité finit toujours par refaire surface : la défense et la sécurité des intérêts stratégiques des États-Unis et de la Chine sont prioritaires ; le climat à côté de cela, n’a aucune importance ou presque.

L’accord symbolique entre la Chine et les États-Unis

Samedi matin, le président américain Joe Biden s’est gargarisé d’avoir trouvé un accord avec la Chine, le 10 novembre dernier. Dans le texte, la Chine et les États-Unis rappellent les engagements, pris lors de la COP21, à réduire les émissions de méthane et l’usage des énergies fossiles, dès 2022, en particulier le charbon. Mais cet accord n’engage en rien les deux parties. Leurs préoccupations sont assez éloignées de la question climatique. Et sans doute que dans les semaines à venir, elles le seront encore.