Le Figaro publie une enquête sur Mila ou « la vie clandestine d’une adolescente victime de la haine islamiste ». Il y a un an, cette jeune fille avait vivement critiqué l’islam sur les réseaux sociaux, alors qu’elle répondait aux insultes de plusieurs internautes. Harcelée par des musulmans radicaux, elle vit la peur au ventre et demeure le symbole meurtri de la liberté d’expression.

Tout com­mence le 18 jan­vier 2020, lorsque sur Ins­ta­gram, Mila est vic­time de pro­pos homo­phobes. S’en­suit une vidéo viru­lente où elle affirme détes­ter le Coran : « Il n’y a que de la haine là-dedans, l’islam, c’est de la merde, c’est ce que je pense. » Sa vidéo est rapi­de­ment par­ta­gée sur les réseaux sociaux. La jeune ado­les­cente devient la cible de mil­liers de mes­sages d’insultes et de menaces de mort. Abdal­lah Zekri, délé­gué géné­ral du Conseil fran­çais du culte musul­man, ajoute même : « Qui sème le vent, récolte la tem­pête ! » Plus récem­ment, cer­tains lui pré­di­saient le même ave­nir que Samuel Paty. Au total, elle rece­vra plus de 50000 mes­sages de haine.

Mila, une vie dans la clandestinité

Depuis lors, sa vie a bas­cu­lé. Après avoir dû quit­ter son lycée de l’Isère, l’a­do­les­cente a appris qu’elle ne pour­rait plus suivre ses cours dans le lycée mili­taire qui l’avait accueillie. Selon l’enquête du Figa­ro, Mila est aujourd’hui « sous haute pro­tec­tion poli­cière, ins­truite à domi­cile ». Pour son avo­cat, Me Richard Mal­ka, « elle vit comme les gens de Char­lie Heb­do, dans la clan­des­ti­ni­té ».  Alors même que Mila exerce léga­le­ment sa liber­té d’ex­pres­sion, elle est contrainte de vivre cachée contrai­re­ment à ceux qui la menacent. Cer­tains ont été arrê­tés, mais l’a­do­les­cente conti­nue de rece­voir « une tren­taine de mes­sages hai­neux à la minute ».

À cause de cette menace isla­miste, la jeune fille voit son rêve de chan­ter sur scène s’envoler. Dans Je ne veux pas mou­rir, Mila chante « pour un blas­phème je ne vivrai jamais comme avant. À vrai dire je ne sais même pas si je vais vivre encore longtemps ».

Islam et blasphème

Cinq ans après les atten­tats de Char­lie Heb­do, cette affaire relance le débat sur le blas­phème en France. Nicole Bel­lou­bet, alors garde des Sceaux, ira jusqu’à décla­rer que « l’in­sulte à la reli­gion est évi­dem­ment une atteinte à la liber­té de conscience », avant de regret­ter ses pro­pos. Ce dis­cours vient sou­te­nir une ten­dance inquié­tante chez cer­tains jeunes issus de l’im­mi­gra­tion. Lau­rence Croix, maître de confé­rence à l’Université de Nan­terre, constate dans les pages de Char­lie Heb­do que « cette année, après l’affaire Mila et le meurtre bar­bare de Samuel Paty, des jeunes ne com­prennent pas que l’on puisse cri­ti­quer la religion ».

Le droit au blas­phème n’existe plus en France depuis la loi sur la liber­té de la presse de 1881. L’a­do­les­cente a excer­cé sa liber­té d’ex­pres­sion, comme l’hu­mo­riste de France Inter, Fré­dé­ric Fro­met qui, quelques jours avant Mila, avait enton­né Jésus est pédé. Les pro­pos de la jeune fille ne peuvent être pour­sui­vis en jus­tice car elle cri­tique l’is­lam, et non les musul­mans. Ain­si, comme le rap­pelle Me Mal­ka, Mila « n’a fait qu’exercer son droit à la cri­tique de la reli­gion », à l’ins­tar de Fré­dé­ric Fro­met, des jour­na­listes de Char­lie Heb­do ou encore de Michel Houellebecq.

Mal­gré tout, Mila ne reçoit pas un sou­tien una­nime, notam­ment à gauche. Les « Je suis Char­lie » de 2015, Ségo­lène Royal et Fran­çois Hol­lande à leur tête, semblent avoir délais­sé leurs idéaux. Pen­dant ce temps, une jeune fille de 16 ans vit dans la peur et sait qu’elle ne retrou­ve­ra sûre­ment jamais une vie normale.