Dimanche 28 mars, Vian­ney pas­sait dans Sept à Huit, le ren­dez-vous d’Har­ry Rosel­mack sur TF1. Au vu des com­men­taires sus­ci­tés par sa pres­ta­tion, on peut dire que la nou­velle icône de la chan­son fran­çaise n’a pas lais­sé indifférent.

À plu­sieurs reprises, face camé­ra, Vian­ney se tord les mains. Il sou­rit aus­si comme s’il vou­lait pré­sen­ter des excuses. Le jeune homme pré­fère la chan­son fran­çaise, même s’il écoute du rap. Il va à la messe, même s’il encou­rage les gays à éle­ver des enfants. Vian­ney conci­lie ce que l’on oppose, dépasse les conflits, se joue des aspé­ri­tés. Avec lui, la chan­son fran­çaise retrouve un visage, une jeu­nesse et une joie de vivre. Cette pos­ture réjouit ou agace. En tout cas, ça marche car le chan­teur à la car­rière rapide struc­ture main­te­nant la vie culturelle.

Vianney à The Voice en 2021

Vian­ney, dans son fau­teuil de coach de The VoiceIns­ta­gram @vianneymusique

Membre du jury de l’é­mis­sion The Voice, Vian­ney fait grim­per les audiences du concours de chant. Marc Lavoine le qua­li­fie de “sur­doué au quo­tient intel­lec­tuel fort”. Les can­di­dats rêvent de l’a­voir en coach. Vian­ney plaît, il est à la mode. Même Yann Bar­thès fait sa promotion.

Vian­ney incarne une alter­na­tive au son que l’on dit “ten­dance”, à savoir, le rap. Il aime Maxime Le Fores­tier, Bar­ba­ra, Fran­cis Cabrel, Céline Dion. Il recherche une musique née d’un rap­port au texte, à la langue. Ses chan­sons pro­duisent du sens. En ménes­trel 2.0, Vian­ney marie la gui­tare et la voix, sans artifice.

Un profil sincère et atypique

Ses paroles sont pai­sibles et ses mélo­dies ryth­mées. Le carac­tère de Vian­ney est équi­li­bré, “clas­sique” et “très sage”, selon la jour­na­liste de TF1 qui l’in­ter­ro­geait. Le chan­teur contraste avec les figures du mar­ché. La sim­pli­ci­té serait-elle la recette de son suc­cès ? “Mon style ne fait pas rêver”, confie-t-il, et pour­tant sa car­rière grimpe. Il le dit sou­vent, il ne cherche pas à faire du busi­ness et lorsque la famille s’a­gran­di­ra, il trou­ve­ra une acti­vi­té com­pa­tible avec sa vie privée.

Vian­ney est fils de mili­taire mais n’a pas du tout la rigi­di­té dont son milieu se voit sou­vent taxé. Ancien élève du lycée de Saint-Cyr-l’É­cole, ce catho-scout de la bonne bour­geoi­sie pari­sienne pro­fesse une grande tolé­rance et une belle capa­ci­té d’é­coute. C’est pour ça qu’on l’invite.

Après un éloge de l’u­ni­forme, il lâche : “Je sais, on n’est pas cen­sé être comme ça”. Défendre un habit col­lec­tif est consi­dé­ré comme un posi­tion­ne­ment réac­tion­naire ? Pour­tant, Vian­ney affirme un point de vue dif­fé­rent et il a conscience de se mettre à dos toute une bien-pen­sance. Plus tard, pen­dant l’en­tre­tien, il réci­dive par une nou­velle infrac­tion cultu­relle. Vian­ney consi­dère que, géné­ra­le­ment, les musul­mans assument plus leur foi que les catho­liques. Il trouve cela dom­mage. “Je sais que je suis tout seul dans le délire. (…) Il faut assu­mer ce qu’il y a en nous sans agres­ser l’autre”. Ce Gand­hi de la musique ne fait “pas d’é­van­gé­li­sa­tion”.  Il n’y a pas à conver­tir, sim­ple­ment à chan­ter. N’est-ce pas fina­le­ment le moyen le plus effi­cace pour influen­cer à grande échelle ?

À ceux qui ont, à tort, annon­cé la fin de sa car­rière, Vian­ney répond clai­re­ment sur Tik­Tok : “Je ne vous aban­don­ne­rai jamais”. Sui­vi par plus d’un demi-mil­lion de per­sonnes sur les réseaux sociaux, Vian­ney n’est pas près de quit­ter les ondes et les pla­teaux. Car il aime les gens. Tout simplement.