En Écosse, les monstres ne se cachent pas que dans les lacs. Blotti dans un cimetière, un arbre monumental fascine toujours autant. Et lui au moins, il ne se dérobe pas aux regards du touriste ! L’if de Fortingall est plurimillénaire et en plus, on spécule toujours sur son sexe. If any questions arise, read below…
Enraciné au plein de cœur de l’Écosse, il aurait entre 2000 et 5000 ans ! L’if de Fortingall aurait grandi au cours de l’âge de fer. L’intérieur de son tronc est pourri, ce qui rend toute datation précise impossible. On parle donc au conditionnel. Normal pour un if, me direz-vous. Et puis c’est une manière d’entretenir le mystère au cœur de cette contrée pittoresque du Perthshire.
Le “monument” est un sujet d’admiration mais aussi un objet d’étude. Avant, les touristes, plus moutonniers que les moutons écossais, venaient lui décoller la peau pour repartir avec un souvenir. Le village mit fin à cet abus. Tout en restant accessible, l’arbre est désormais protégé par un mur. Le syndicat d’initiatives ne dit pas si le ciment remonte à Hadrien.
Surnommés “arbres éternels”, on utilise les ifs comme remèdes contre les cancers, une pratique courante au Canada. Les médecins continuent leurs recherches sur ce point. Quant aux écologistes, ils en font un symbole de préservation de notre patrimoine végétal.
Un jour de printemps, l’arbre se mit à produire des baies rouges. Dans la presse anglaise, un botaniste du jardin royal d’Édimbourg expliqua : “Normalement ce changement apparaît en partie sur la couronne de l’arbre plutôt que sur tout l’arbre (…) Sur l’if de Fortingall, il semble qu’une petite branche de la partie extérieure de la couronne ait changé et se comporte désormais en tant que femelle”. Ah, ces british et la couronne, on ne se refait pas. Un jour, vous verrez, les bookmakers parieront sur la teinte de l’if comme sur la couleur de la robe de la reine.
En tout cas, a question arises : l’if serait donc transgenre ?
Selon Max Coleman, “le stress environnemental” pourrait provoquer des mutations de sexe. Bigre. Science et Avenir s’amuse de ce surprenant phénomène.
Femelle ou mâle, l’if de Fortingall demeure en bonne santé. Heureusement que l’orgueilleux monument ne croisa jamais un de ces La Fontaine pour lui faire la leçon. Le vent l’aurait peut-être déjà déraciné. Pourtant, en Écosse, ça souffle. Le vent de l’indépendance est même plutôt violent. L’arbre qui est toujours là rappelle que ce pays vient du fond des âges et qu’il n’est pas près de bouger. Comme le fût d’un bon whisky.