Le “non encore candidat” à la présidentielle Éric Zemmour était mardi 19 octobre au Palais des Congrès de Versailles, pour présenter son dernier best-seller La France n’a pas dit son dernier mot. Le prétexte pour un grand rassemblement de ses (é)lecteurs.

1 500 per­sonnes ont payé entre 20 (étu­diants, chô­meurs) et 60 euros (bien­fai­teurs) pour assis­ter à cette inter­ven­tion du polé­miste le plus média­ti­sé de France. Les Éveilleurs d’Es­pé­rance, l’as­so­cia­tion à l’o­ri­gine de cette soi­rée, ne sont pas éton­nés ; l’ex jour­na­liste poli­tique n’a jamais de mal à sus­ci­ter l’en­goue­ment des Ver­saillais. Il est déjà mon­té à trois reprises sur la scène des Eveilleurs, mais cette fois, la soi­rée a sur­tout des airs de meeting.

Zemmour, l’espoir des conservateurs

Les applau­dis­se­ments à tout rompre qui accueillent l’an­cien jour­na­liste sont révé­la­teurs du public : des audi­teurs de tous les âges, trois abbés en sou­tane, des mili­tants de la Géné­ra­tion Zem­mour, des jour­na­listes de droite, comme Geof­froy Lejeune, direc­teur de Valeurs Actuelles, ou encore des poli­tiques conser­va­teurs, tels que Jean-Fré­dé­ric Pois­son ou Lau­rence Tro­chu. L’é­change entre Benoît Sévil­lia, avo­cat et copré­sident des Eveilleurs et Eric Zem­mour porte sur les thèmes pri­vi­lé­giés du polé­miste et de son public : l’é­du­ca­tion, l’Eu­rope, les LGBT, la sou­ve­rai­ne­té, l’éner­gie, l’im­mi­gra­tion. Autant de sujets qui méritent des “remises en ques­tion” et des “refa­çon­nages”. Ver­sailles est le lieu idéal pour évo­quer les pro­blé­ma­tiques clas­siques de la droite tra­di­tion­nelle : les “racines chré­tiennes gré­co-romaines de la France” ou les rai­sons de l’é­chec de la Manif pour Tous : “si les mani­fes­tants ont per­du, c’est qu’ils étaient paci­fiques et qu’ils n’ont rien cas­sé, et donc le pou­voir n’a pas eu peur et n’a pas cédé” . Réflexion lar­ge­ment ovationnée.

Gagner la droite, l’objectif de Zemmour

“Une France unie”, “l’u­nion des bour­geois et des classes popu­laires” pour contrer le “déclin crois­sant de la France”, l’au­teur du Des­tin fran­çais est fidèle à lui-même. “Il faut allier la socio­lo­gie de la Manif pour Tous et la socio­lo­gie des Gilets Jaunes”. Éric Zem­mour déteste ceux qui sont divi­sés alors qu’ils ont un même objec­tif en tête. Mais il prêche à des conver­tis. Les affiches bran­dies, les slo­gans “Zem­mour Pré­sident” ou encore “vive le Z” résument l’es­poir qui s’est empa­ré du public. Le “Z” serait le seul capable d’u­nir la droite et de maté­ria­li­ser ses valeurs : une France sou­ve­rai­niste et non euro­péiste, qui accepte de “regar­der son his­toire en face”. Il évoque ain­si de nom­breuses fois le “fléau de la culpa­bi­li­té” qui empêche la France de mar­cher sereine vers son ave­nir. En men­tion­nant à plu­sieurs reprises “l’in­va­sion migra­toire” et “l’is­la­mi­sa­tion” de la socié­té fran­çaise, il s’in­quiète de “la fin de la civi­li­sa­tion occi­den­tale et sur­tout fran­çaise”. “Le sujet qui ras­semble, c’est la ques­tion au sens large iden­ti­taire et de l’im­mi­gra­tion”. Il ne manque pas de lan­cer une cri­tique acerbe sur la “créo­li­sa­tion”, ce “concept à la noix” pro­fé­ré par Jean-Luc Mélen­chon. Par ailleurs, Zem­mour se pré­sente de nou­veau en rival du patron de la France Insou­mise, en démon­trant “la néces­si­té de retrou­ver la sou­ve­rai­ne­té éner­gé­tique”, dénon­çant aus­si les pro­jets éco­lo­gistes d’Em­ma­nuel Macron : si la France sacri­fie sa filière nucléaire au pro­fit des éner­gies renou­ve­lables, elle s’en­gage sur la voie de “la tiers-mon­di­sa­tion”. Fina­le­ment, tel est le maître-mot de la soi­rée : com­ment rendre à la France sa gran­deur per­due et sa puis­sance en Occident.

Mais pas encore de cam­pagne offi­cielle pour le polé­miste. Il prend un malin plai­sir à élu­der les ques­tions de son inter­lo­cu­teur, comme “Vous attel­le­rez-vous vous-même à chan­ger les choses ?”, ou tout sim­ple­ment “Êtes-vous can­di­dat ? “. Dans la salle, les 1500 par­ti­ci­pants espèrent qu’Eric Zem­mour n’en res­te­ra pas là.