Bonne nouvelle pour la présidente du Rassemblement National : le récent sondage Ipsos réalisé pour Le Parisien et France Info la place au second tour face à Emmanuel Macron, avec 17 % des intentions de vote. Un rebond bienvenu dans sa campagne.

2022 com­mence bien pour Marine Le Pen : l’un des pre­miers son­dages de l’année est pro­met­teur. Pour le moment en tout cas. À l’heure où la cam­pagne pré­si­den­tielle entame sa der­nière ligne droite, le son­dage Ipsos-Sopra Ste­ria publié le 7 jan­vier pour Le Pari­sien et France Info lui concède 17 % des voix. Emma­nuel Macron a pro­gres­sé avec 26 % des voix dans la fou­lée de ses pro­pos-chocs sur les non-vac­ci­nés. Le « pré­sident-can­di­dat » a gagné 1 point par rap­port à la vague de décembre, dis­tan­çant ain­si Marine Le Pen de 9 points. Cette pro­gres­sion ful­gu­rante pour­rait-elle s’expliquer par les rumeurs mon­tantes sur sa can­di­da­ture ou bien sa pro­messe « d’emmerdement » des anti­vax ? Marine Le Pen a gagné 1 point en un mois elle aus­si. Consé­quence non négli­geable : elle creuse l’écart avec l’ancien polé­miste, Eric Zem­mour, relé­gué à la 4e place de la course au pou­voir, avec 12 % des voix au pre­mier tour, tan­dis que la can­di­date des Répu­bli­cains, Valé­rie Pécresse, s’agrippe à sa rivale du Ras­sem­ble­ment Natio­nal en stag­nant à 16 %.

Autres don­nées de l’enquête : si Macron et Le Pen passent le cap du pre­mier tour et si le scé­na­rio de 2017 se répète cette année, l’écart du second tour sera encore plus grand que celui du pre­mier : 58 % contre 42 % en faveur du presque-can­di­dat de La Répu­blique en Marche. Ceci pour une rai­son évi­dente : l’électorat de gauche fera bar­rage à la can­di­date du RN à tout prix, tout comme 48 % de l’électorat de Pécresse. 

Mais aujourd’hui, seule­ment 39 % des son­dés croient à une vic­toire de Macron. Tout ne semble donc pas encore joué pour le chef de l’État.

La stratégie lepéniste : faire de la défaite de 2017 un tremplin vers la victoire

Face au pôle posi­tion pré­vu d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen ne lâche pas l’affaire, bien au contraire. Elle aus­si a de l’expérience, celle de la défaite de 2017, et elle ne tient pas à repro­duire les mêmes erreurs. Contrai­re­ment à Eric Zem­mour dont les dépla­ce­ments dans la popu­la­tion sont tous nou­veaux, Marine Le Pen est en cam­pagne depuis 2017, et l’entreprise de dédia­bo­li­sa­tion du RN est à l’œuvre depuis plus long­temps encore, depuis que Jean-Marie Le Pen a lais­sé sa fille assu­rer la relève. Selon Brice Tein­tu­rier, direc­teur géné­ral d’Ipsos, « Zem­mour a ces­sé de siphon­ner son élec­to­rat, elle (Marine Le Pen) peut espé­rer être au second tour. On revient à la situa­tion d’avant le phé­no­mène Zem­mour ».

Cepen­dant, double enjeu pour celle qui se pré­sente pour la 3e fois à la pré­si­dence de la France : réins­tal­ler le duel avec Macron et gar­der un œil sur Zem­mour. Car sans la can­di­da­ture de ce der­nier, le même son­dage estime que Marine Le Pen talon­ne­rait Emma­nuel Macron à 25 %. Poin­tilleuse, elle ins­pecte les points faibles de l’ancien polé­miste pour ten­ter de s’en démar­quer : pour elle, l’essoufflement de Zem­mour s’expliquerait par la vio­lence de ses pro­pos, sa foca­li­sa­tion sur des thèmes cli­vants tels que l’identité et l’immigration, sa vision de la France qu’elle juge « rabou­grie ». Elle estime que l’entreprise de dédia­bo­li­sa­tion de son par­ti sera récom­pen­sée face aux écarts de son rival d’extrême-droite. Mais pour se démar­quer de Macron, Le Pen est réso­lue : elle veut par­ler d’autre chose que de l’épidémie de covid. Selon elle, « Macron se sert de la crise sani­taire pour ren­trer en cam­pagne ». Autre objec­tif : viser ceux que le chef de l’État oublie. La can­di­date du RN le sait, elle recrute sur­tout par­mi les jeunes ouvriers, arti­sans et com­mer­çants, plu­tôt ruraux. C’est ce qu’elle doit viser, la France pro­fonde qu’elle veut remettre à l’honneur et valo­ri­ser. Ain­si, en dépla­ce­ment à Béziers ce ven­dre­di, ses dis­cus­sions avec le maire, Robert Ménard, ont essen­tiel­le­ment tour­né autour de l’aménagement du ter­ri­toire, de la poli­tique sur le patri­moine ou du tou­risme. Un dis­cours qu’elle veut réité­rer aujourd’hui à Car­cas­sonne et demain à Perpignan. 

La pré­si­dente du RN reste donc fidèle à elle-même et garde les rênes de son par­ti : l’immigration et la sécu­ri­té sont aus­si mis sur la table. Dans sa lan­cée, elle assou­plit son dis­cours sur cer­taines thé­ma­tiques et veut ins­crire la « prio­ri­té natio­nale » dans la consti­tu­tion, dans l’emploi comme dans l’octroi d’allocations ou la prise en charge médicale. 

Avec l’annonce de son sou­tien à Marine Le Pen, le maire de Béziers a vou­lu encou­ra­ger les efforts de cette der­nière : « il y a quelques années, tu étais plus cli­vante que tu ne l’es (…). Marine, elle fait une cam­pagne très dif­fé­rente de 2017, elle a pris une dimen­sion dif­fé­rente, elle incarne mieux la fonc­tion pré­si­den­tielle ». Il la consi­dère « plus ouverte aux autres, plus rai­son­nable ». « Marine » bran­dit à bras le corps son « slo­gan de Mayotte » : « réta­blir l’autorité de l’État ».