La rentrée s’est révélée laborieuse : trop peu de professeurs ont répondu à l’appel et les solutions de repli ne semblent pas durables. Désemparés face aux lacunes de l’enseignement, les professeurs qui restent le sont par vocation. L’urgence est donc de rendre le métier attractif en prenant les bonnes mesures.

                                                                                                                                                                                                     Le ministre de l’E­du­ca­tion natio­nale Pap Ndiaye avait pro­mis “un prof devant chaque classe à la ren­trée” : résul­tat, au moins 79.000 heures de cours per­dues en France depuis le début de la ren­trée sco­laire d’après la Fédé­ra­tion des conseils de parents d’é­lèves. Cer­tains d’entre eux sont allés jus­qu’à atta­quer l’E­tat en jus­tice pour dénon­cer le manque de pro­fes­seurs. Mon enfant qui était en 3ème n’a eu sur son année que deux mois de fran­çais et il n’avait presque pas de prof de tech­no. Mon autre fils en 5ème n’a pas eu de cours d’es­pa­gnol pen­dant dix semaines” s’in­digne une maman. La pénu­rie d’enseignants existe bel et bien : après plus de 4.000 postes non pour­vus aux concours, envi­ron 200 can­di­dats recon­ver­tis ont été for­més en quatre jours pour ensei­gner dès la ren­trée, tan­dis qu’Emmanuel Macron n’ex­clut pas un retour du recru­te­ment à bac+3. 

Embaucher des contractuels n’est pas une solution à long terme pour augmenter le nombre de professeurs

Le métier d’en­sei­gnant peine à atti­rer avec des salaires peu allé­chants et une mobi­li­té blo­quée : les pro­fes­seurs fran­çais gagnent moins que leurs confrères de l’OCDE, et seule­ment 20,4 % de leurs demandes de muta­tions inter­dé­par­te­men­tales sont accor­dées. Le gou­ver­ne­ment s’est enga­gé à ce qu’au­cun pro­fes­seur titu­laire ne gagne en des­sous de 2000 euros à la ren­trée, un plan­cher pour­tant rela­ti­vi­sé par Sté­phane Cro­chet, secré­taire géné­ral du SE-Unsa, qui avance que “compte tenu de l’in­fla­tion, ce mon­tant devrait être reva­lo­ri­sé aujourd’­hui à plu­tôt 2.200 euros”. Direc­tives nébu­leuses et perte de sens qui affectent l’attractivité du métier : “Beau­coup se sentent mépri­sés par des consignes qui viennent de très haut, des injonc­tions contra­dic­toires”, confie un pro­fes­seur d’his­toire-géo­gra­phie.  Sous Blan­quer déjà, deux pro­fes­seurs étaient jugés après avoir lan­cé de la chan­tilly sur le ministre pour dénon­cer une Édu­ca­tion natio­nale “en chute libre”. Le nou­veau ministre ne semble pas prêt à soi­gner la crise en décla­rant  : “on retouche, on amé­liore, mais on ne change rien fondamentalement”.