L‘Assemblée Nationale a voté ce jeudi la proposition de loi constitutionnelle de la députée LFI Mathilde Panot, visant à inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution. La procédure de révision constitutionnelle s’avère encore relativement longue mais devrait aboutir.
C’est avec 337 voix sur 386 votants que le texte final a été adopté en première lecture à la chambre basse. Si une niche parlementaire leur permettait d’imposer leur texte à l’ordre du jour, les Insoumis ont cependant dû faire des concessions. La contraception a par exemple été retirée des dispositions nouvelles, finalement adoptées dans les termes suivants : “La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse”. Désormais, deux options sont envisageables pour parachever le processus.
Un accord du Sénat puis du peuple
C’est à l’article 89 de la Constitution que la procédure de révision est détaillée. On y apprend que l’initiative peut être gouvernementale ou parlementaire, et que le texte proposé doit être voté dans des termes identiques par les deux chambres dans un délai de six mois. C’est là un premier obstacle : le Sénat avait déjà refusé une proposition identique le 19 octobre, et la chambre haute est plus conservatrice dans sa composition. Toutefois, le scrutin avait été serré, et la proposition est maintenant allégée. Ensuite, l’article 89 exige que la proposition de loi constitutionnelle soit validée par référendum, ce qui est plus long à obtenir, et assez imprévisible.
Un détour par L’Elysée et Versailles pour éviter le peuple
Dans la pratique, peu de révisions constitutionnelles sont passées par cette case : seule celle instituant le quinquennat en 2000 a été approuvée par le suffrage universel. La procédure prévoit dans son alinéa suivant que le président de la République puisse convoquer le Parlement en Congrès, c’est-à-dire réunir les deux chambres en formation extraordinaire à Versailles, afin qu’elles apprécient elles-mêmes la révision. Dans cette hypothèse, une majorité de 3/5e des voix exprimées est requise, un objectif normalement envisageable pour Emmanuel Macron s’il reprenait le texte insoumis. Les soutiens à l’inscription du droit à l’avortement se comptent en effet dans la majorité mais aussi dans la NUPES, et même chez LR et le RN. Ce n’est donc a priori plus qu’une question de temps.