Le numéro 1 du tennis britannique pendant de longues années s’est imposé au bout du suspense face à l’Australien Thanasi Kokkinakis. Le public a sans doute assisté au match de la quinzaine.
Nuit de folie sur le Margaret Court Arena. Au bout d’un match d’anthologie, Sir Andy Murray s’est défait des griffes de Thanasi Kokkinakis en 5h45 de jeu. Le champion écossais est de retour, six ans après, et avec la manière. C’est à 4h du matin seulement que les deux joueurs se sont congratulés au filet. Cinq manches de haute volée, sur le score final de 4–6, 6–7, 7–6, 6–3 7–5, en faveur du 66e joueur mondial. Pour l’un, le choc. Pour l’autre, malgré la joie contenue, le sentiment d’un énième exploit. Décidément, les night session réservent à chaque tournoi leur lot de surprises.
Et pourtant, c’est bien l’Australien qui dictait le jeu jusqu’à la 3e heure. Auteur d’une copie quasi parfaite, Kokkinakis enchaîne les gros services, avec 37 aces, et les coups droit surpuissants dans les diagonales. Pas de répit pour Murray, qui encaisse, tente de prendre le match à son avantage, et parle à son clan quand il est déboussolé. On aurait pu croire que le déclic viendrait à 2h30 de la rencontre. Dans un point désormais historique, l’Ecossais balaie le fond de court, et défend avec l’énergie du désespoir. Un smash, puis deux, puis trois, sont sauvés. Et à la fin, c’est Kokkinakis qui perd. L’Australien a néanmoins bien failli l’emporter, menant deux sets à zéro et 5–3 sur le troisième set. Il se retrouve finalement débreaké, et l’issue est connue : Andy Murray commence à dicter son jeu, et impose le tie-break à son adversaire, qu’il gagne. S’ensuivent deux sets d’un niveau peu commun, malgré l’heure avancée de la nuit.
Le retour au plus haut niveau
Comme à son habitude, Murray n’a pas brillé par un jeu particulièrement étincelant, un skills ou un coup que lui seul maîtrise. S’appuyant sur une bonne course en fond de court, le chouchou du public britannique a fait preuve de résilience. Une défense implacable et des retours joués sur le haut du corps ont eu raison des assauts australiens.
Une perf’ du jour, et peut-être de la quinzaine, avec des stats impressionnantes. A 35 ans, Andy Murray a joué le match le plus long de sa carrière, avec une hanche en métal. Constamment gêné dans son jeu, il s’était fait opérer en 2019, et doit désormais composer avec cette prothèse. C’est le deuxième match le plus long de l’Open d’Australie, après la finale gagnée par Djokovic face à Nadal en 2012, après 5h53 passées sur le terrain. Murray devient le joueur à avoir renversé le plus de matchs en étant mené 2 sets à zéro (11, contre 10 pour Roger Federer). Au premier tour, la situation inverse s’était produite contre Matteo Berrettini. Avec une avance de 2 sets à zéro, le quintuple finaliste de l’événement avait dû attendre 4h49 de jeu pour l’emporter au 5e set.
L’avenir dans le tournoi, est-il radieux pour Andy Murray ? Au troisième tour, c’est l’espagnol Roberto Bautista Agut qui l’attendra de pied ferme. C’est peut-être le seul avec un Brooksby en forme, qui pourrait empêcher l’Ecossais de filer en quarts, avec une rencontre au sommet face à Novak Djokovic, sa bête noire de Melbourne, si l’on s’en tient aux pronostics. Il est probable que Murray soit bien diminué physiquement, après plusieurs rencontres en 5 sets. En attendant, le gladiateur gagne, ravit le public et se prend sans doute à rêver d’un quatrième titre en Grand Chelem.