Vendredi 7 janvier, Éric Zemmour s’est rendu dans l’Eure-et-Loir : un premier déplacement de campagne de l’année qui, sous les allures d’opération séduction, marque un tournant.
C’est dans son traditionnel langage anaphorique que le candidat du parti « Reconquête ! » a choisi d’attirer un nouvel électorat, celui du monde rural : « Je suis venu vous parler de la ruralité française. Je suis venu vous présenter mon diagnostic. Je suis venu vous présenter mes solutions. Je suis venu vous présenter un avenir. Faire de la campagne française un élément clé de la puissance nationale. »
Séduire une France rurale « méprisée »
Trois alexandrins habilement glissés pour convaincre une France rurale « méprisée, souvent abandonnée et toujours sous-exploitée ». Adieu les sujets liés à l’immigration ou l’insécurité, place à la défense de la ruralité ! Pour cela, Éric Zemmour a annoncé « inverser les fonds », en « [basculant] les fonds de la politique de la ville vers le développement des régions rurales, avec également les villes moyennes et petites ». Pendant toute sa journée en Eure-et-Loir, le candidat a parcouru villages et campagnes, de Bonneval à Villampuy, jusqu’à Châteaudun, rencontrant de nombreux agriculteurs, déjeunant avec une quarantaine d’élus, partageant une galette des rois avec les habitants. Le soir, devant 1542 personnes, dans la salle Crystal de Châteaudun, il a étayé ses propositions : entre autres, circuits courts dans les cantines, fin des éoliennes et lutte contre les déserts médicaux.
Des thématiques jusque-là peu présentes dans son discours ; elles devraient intéresser les quelques 22 millions de français vivant à la campagne. De quoi concurrencer Marine Le Pen et Valérie Pécresse, bien plus représentées dans cet électorat. De quoi aussi recueillir davantage de parrainages de la part des maires de campagne.
Défendre le patrimoine culturel
Au-delà de la ruralité, Éric Zemmour a profité de la controverse de l’église de la Madeleine pour valoriser sa défense de la culture française. De fait, le verdict est tombé il y a quelques jours : Julien Cohen, l’animateur de l’émission « Affaire conclue » ne rachètera pas l’église de la Madeleine de Châteaudun pour en faire sa troisième « Maison des brocanteurs » ; cette vente avait pourtant été acceptée par le maire de la ville, Fabien Verdier qui avait reconnu « une belle opportunité » pour la ville, tout en affirmant que « le peuple décidera ». De nombreuses polémiques ont suivi l’élaboration du projet : l’église de la Madeleine n’étant nullement en vente, et le diocèse n’ayant pas été consulté. Plus encore, l’église n’est pas désacralisée et est toujours affectée au culte. « Je ne suis pas au courant de ce projet. Je n’ai eu à faire ni à ce monsieur, ni à la Ville. S’ils m’interrogent, je leur répondrai que l’église de la Madeleine n’est pas à vendre. Elle est toujours affectée au culte et on s’en sert. Elle a été utilisée deux fois depuis mon arrivée, notamment à la Toussaint. Je leur rappellerai aussi qu’il y a des règles. », s’est exclamé Yannick Coat, curé de la paroisse, auprès de l’Echo Républicain.
Éric Zemmour a donc dénoncé « [les] dirigeants, [les] élites [qui] n’ont pas voulu préserver ces monuments, ces églises, ces clochers. » Une occasion toute trouvée pour manifester - une fois de plus — son amour pour les racines culturelles et chrétiennes de la France, tout en séduisant une population attachée à sa région. De fait, la pétition lancée par le groupe « Châteaudun pour tous » regroupe actuellement 3002 signataires. « Combien d’édifices magnifiques ont-ils été vendus ou détruits ces dernières années», poursuit Eric Zemmour. « Les péripéties autour de la vente de votre église de la Madeleine sont d’ailleurs très révélatrices. Je me réjouis évidemment que la mairie ait finalement choisi de faire marche arrière. Mais ouvrant la possibilité de vendre et de sacrifier ce petit morceau d’identité religieuse et locale, les élus locaux ont démontré alors tout le mépris qu’ils avaient pour ce territoire et pour son histoire. Pourtant la campagne française fait rêver le monde. »
Châteaudun est donc un lieu emblématique…et polémique, idéal pour un meeting zemmourien. Un lieu également inhabituel, pour l’ex-journaliste habitué des grandes villes, car la cité est installée en pleine campagne, dans « cette grande plaine de la Beauce céréalière ». Un lieu stratégique, en définitive.
Étiennette de La Ruffie