Après avoir engagé sa responsabilité sur les retraites, Élisabeth Borne est sous la menace de plusieurs motions de censure, dont une déposée par Charles de Courson. Ce député centriste au profil « techno » pourrait bien devenir le bourreau de la Première ministre.
Au Palais Bourbon, Charles Amédée du Buisson de Courson est connu pour sa compétence technique. Soixante-dix ans, énarque, sorti major de l’ESSEC, il est le plus ancien député de l’hémicycle, réélu depuis 1993 dans sa circonscription de la Marne. Chez les Courson, la longévité est une affaire de famille : depuis la Révolution, leur nom figure à l’Assemblée Nationale. Derrière ses lunettes et ses rides austères, avec ses cheveux gris et son allure d’aristo, le député du groupe LIOT (Liberté, Indépendants, Outre-mer et Territoires) représente le plus petit groupe parlementaire. Malgré tout, les législatures passent, de Courson demeure.
Le moine-soldat menace l’exécutif
Ancien magistrat à la Cour des comptes, le vétéran de l’Assemblée nationale pourfend les dépenses publiques excessives. En commission des Finances, où il siège depuis longtemps, ses analyses sont écoutées. S’il n’a rien d’un dissident, il s’oppose fermement à la réforme des retraites, au point de vouloir déposer une motion de censure fondée sur l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Respecté par l’ensemble de la classe politique, son initiative menace le gouvernement : la présidente du groupe LFI à l’Assemblée Nationale Mathilde Panot soutient « une motion de censure, qui pourrait être transpartisane, à l’initiative du groupe LIOT et réunir des députés d’au moins six groupes différents au sein de l’Assemblée nationale ». Même écho du côté des Républicains, si on refuse de « s’associer avec les extrêmes », Aurélien Pradié ou encore Pierre-Henri Dumont n’écartent « aucune hypothèse ». Une trentaine de voix LR seraient requises si toutes les autres oppositions votaient cette motion.