Peut-on manquer de pain en France ?

75 départements se plient encore à des restrictions d’eau, 95 en subissaient en août. L’agriculture a pâti du niveau de sécheresse record de cette année. La guerre en Ukraine affecte la production mondiale de céréales. Doit-on s’inquiéter pour notre sécurité alimentaire ?

On nous avait promis un été catastrophique pour l’agriculture française, le marché mondial du blé est perturbé par la guerre en Ukraine, le prix de l’énergie augmente : les facteurs d’incertitude sur la production et l’échange de céréales s’accumulent.

Les conséquences hétérogènes de la sécheresse

Les cultures les plus touchées par la sécheresse sont les céréales de printemps, semées en mars-avril. Le volume de la récolte accuse une baisse d’environ 13% par rapport à la moyenne quinquennale. D’après les estimations, la production de maïs devrait être inférieure de 17% à la moyenne. La cause principale de cette baisse est le stress hydrique et thermique subit par les plantes. Les rendements ont certes été en partie protégés par l’irrigation, qui concerne 32% des surfaces, mais ils ont chuté de 15,6% pour le maïs non irrigué. Le bilan de la récolte des céréales d’hiver est un peu meilleur à première vue : la production est inférieure à la moyenne quinquennale de seulement 3%. Cette baisse est due à une diminution des rendements et des surfaces. Le fait marquant de cette moisson est la grande hétérogénéité des rendements. Selon Michel Portier, directeur général d’Agritel, société experte en stratégies des marchés agricoles et agro-industriels, « le printemps sec laissait craindre le pire mais les pluies tardives du mois de juin ont sauvé la situation dans les régions situées au nord de la Loire ». En revanche, les régions du Sud ont connu des rendements nettement inférieurs à la moyenne.

La force de l'agriculture française

Si des pays vont manquer de blé, la France n’en fera pas partie. Entre le 1er juillet 2021 et le 3 avril 2022, les importations françaises de céréales n’ont compté que pour 0,1% des importations totales de l’Union Européenne (dont 10 650 tonnes de blé et 3 697 tonnes de maïs). Sur une soixantaine de millions de tonnes de céréales produites en France chaque année, environ 27 sont exportés. La situation agricole et géopolitique mondiale a davantage d’effets sur sa balance commerciale, toujours positive pour l’agriculture, que sur sa capacité à se nourrir. Cette année, la campagne d’export a bien débuté, soutenue par une demande qui ne faiblit pas. D’autant que la production ukrainienne a diminué et que les principaux importateurs, comme le Maroc, ont enregistré des récoltes décevantes cette année.


Le bombardement de la mosquée de Marioupol suscite les contradictions

Kiev a annoncé, samedi 12 mars, qu'une mosquée abritant 80 personnes avait été bombardée dans la ville assiégée de Marioupol. Une information que nie un responsable communautaire sur place. 

En Ukraine, la ville côtière de Marioupol est stratégique pour les forces russes. Sous les bombes depuis le début du conflit, la ville est aujourd'hui méconnaissable. Il y a quelques jours, le gouvernement ukrainien annonçait que la mosquée de la ville avait été bombardée et qu'environ 80 civils étaient alors sur place. Dans un message posté sur Twitter, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a indiqué que «La mosquée du sultan Souleïman le Magnifique et de son épouse Roxolana à Marioupol a été bombardée par les envahisseurs russes», ajoutant : «Plus de 80 adultes et enfants s'abritent là, dont des citoyens turcs». Une information rapidement démentie par le président de l'Association de la mosquée Souleiman de la ville, Ismail Hacioglu, qui explique à HaberTürk, chaîne de télévision turque, que la mosquée n'a pas été touchée. Sur Instagram, l'homme précise «Les Russes bombardent la zone qui se trouve à 2 km de la mosquée, et une bombe est tombée à une distance de 700 m de la mosquée». D'après lui, une trentaine de personnes "dont des enfants" sont sur place.

"Les Russes ne nous ont pas laissés passer"

Ismail Hacioglu tente de retrouver les citoyens turcs de la ville et de les faire évacuer. S’efforçant plusieurs fois de former un convoi, l’homme raconte que "les Russes ne nous ont pas laissé passer" aux checkpoints. Une situation que dénonce Médecins sans frontières qui a alerté sur l'état de la ville. Les habitants doivent désormais se terrer dans les caves sans aucun moyen. La vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a déclaré qu'un nouveau couloir humanitaire est prévu pour permettre aux civils de quitter la ville et de se réfugier au Nord-Ouest afin d'éviter le feu nourri des Russes. De son côté, le président de l'association de la mosquée de Marioupol a annoncé qu'il tentera "une cinquième fois" d'évacuer les familles turques.