Covid-19 : Une 4e dose pour tous face à la 7e vague ?

Selon le dernier bilan de Santé publique France, les cas de contamination au virus du Covid-19 repartent à la hausse. La 4e dose concerne pour l'instant les personnes âgées de plus de 60 ans ou immunodéprimés. Faut-il l'étendre à tous ?

 

La ministre de la Santé battue aux législatives dans le Pas-de-Calais, Brigitte Bourguignon, souhaite « intensifier la vaccination » qu’elle considère comme la « meilleure arme dont nous disposons » avec 30% des Français (Le Parisien-Aujourd’hui en France) éligibles qui ont déjà reçu une quatrième dose de vaccin. La question refait surface, au moment même où la 7e vague s’installe. L’apparition du nouveau variant Omicron BA.5 et son petit frère BA.4 inquiètent les autorités de Santé, notamment pour les personnes âgées dans les EHPAD ou les USLD (Unité de soins de longue durée).

Pour l’heure tous les Français ne semblent pas concernés par cette quatrième dose qui pointe le bout de son aiguille, seules les personnes de plus de 60 ans ou celles immunodéprimés pourront en bénéficier.

Toute personne dans cette situation peut alors prétendre à une quatrième injection, qui revient au final à une deuxième dose de rappel vaccinal.

 

L’appel à la 4e dose « pour tous » divise les professionnels de santé

 

Le président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale Alain Fischer appelle les plus de 60 ans à faire leur quatrième dose, ainsi que pour les personnes fragiles. Toujours en alerte sur la propagation du Covid-19, Alain Fischer assure qu’un rappel permet de protéger des formes graves « à plus de 90% » dans un entretien accordé au JDD.

Alors qu'on assiste à un rebond de l'épidémie, faut-il élargir la vaccination à tous ? Pas si simple, d’un côté pour le docteur Yves Platrat « personne n’a envie d’être malade en vacances. Proposer une dose supplémentaire à plus de monde me semblerait une bonne chose ». Entre étendre la vaccination pour tous ou la réserver aux personnes à risque, les professionnels de santé sont divisés.

Autre confrère, autre vision. Selon la docteure Margot Bayart, vice-présidente du syndicat MG France « si le bénéfice épidémiologique n’est plus là, faut-il mobiliser énormément de soignants pour vacciner alors que le système de santé s’écroule et qu’il manque de bras partout. » elle ajoute également « prioriser les plus âgés est sûrement le plus pertinent ».

Plus radical, le directeur de l’IHU Méditerranée à Marseille, Didier Raoult affirme « le vaccin n’empêche pas la contagion et nous ne sommes même pas sûrs avec les données dont nous disposons qu’il diminue la gravité même chez les personnes âgées ». Après deux ans de Covid, la lassitude des Français se fait ressentir. Les Français seraient contre le retour du masque dans les transports à hauteur de 72%, selon un une question posée par CNews.

Alain Fischer, le monsieur « stratégie vaccinale » anticipe même un troisième rappel d’ici fin 2022.

L’éradication du Covid-19 n’est pas pour demain, et le rebond épidémique annoncé avec cette 7e vague fait craindre un été mouvementé.


Label "vert" européen : les Etats-membres désunis

Le 31 décembre dernier, la Commission européenne dévoilait son intention d’intégrer le nucléaire et le gaz à la liste des énergies vertes. Destinée à orienter les investissements énergétiques, cette classification divise les Etats-membres et place la Commission en position d’arbitre.

Au sein de l’Union Européenne, deux blocs s’opposent. D’un côté, l’Autriche, le Danemark, le Luxembourg et l’Allemagne rejettent le projet de la Commission. L’énergie nucléaire est ainsi interdite par la Constitution autrichienne depuis 1978. Vienne et Berlin pointent du doigt les risques de catastrophes naturelles et ceux liés au stockage des déchets. Dans un entretien accordé à Ouest-France, le diplomate autrichien Wolfgang Wagner juge qu’une telle mesure irait « à l’encontre de l’essence même de la taxonomie ». Vienne envisage un recours juridique. A l’origine, continue-t-il, « la classification visait à étiqueter les solutions vertes » et à guider les investisseurs. Valoriser des énergies fossiles risque alors de diminuer les investissements à destination des énergies renouvelables.

Pragmatisme écologique

De l’autre côté, la France, la Pologne, la République Tchèque et la Slovaquie défendent l’inscription du gaz et du nucléaire comme « énergies vertes ». Pour l’atome, ces pays avancent l’absence de rejet de CO2, la disponibilité continue de l’énergie et la longévité des centrales. Ils plaident pour une transition pragmatique. Loin des utopies du 100% renouvelable d’ici à 2050, l’énergie verte de demain aura besoin, estiment-ils, des énergies fossiles décarbonées. Comme énergie de transition, le nucléaire et le gaz gagnent ainsi leur lettres de verdure. Aux yeux de la Commission européenne, la transition l’emporte sur la rupture. On peut ainsi lire dans le projet de l’exécutif européen que "le nucléaire fournit une source stable d’approvisionnement en énergie » et qu’ il « facilite le déploiement des sources renouvelables intermittentes ».

Enjeux géopolitiques

Les arguments écologiques des Etats et la nature de leur mix énergétique sont liés. Les intérêts stratégiques de chacun expliquent la désunion de tous. En Autriche, plus de 70% de l’électricité est renouvelable (source 2019). En France à l’inverse, 70% de l’électricité est d’origine nucléaire. Dans son arbitrage, la Commission européenne a recherché le compromis. Le label a finalement été accordé sous conditions, comme pour compenser les faveurs accordées aux « pro ». Les nouvelles centrales atomiques doivent ainsi acquérir leur permis de construire avant 2045, des garanties dans le traitement des déchets sont exigées et le gaz est qualifié d’ « énergie de transition ». La Commission européenne ménage deux géants européens aux intérêts ici divergents ; une France pronucléaire face à une Allemagne qui a dit non à l’atome il y a plus de 10 ans.