Dans la nuit de vendredi à samedi, le siège du Parti communiste français dans le 19e arrondissement a été tagué « Collabo ». L’agression s’inscrit dans la lignée des multiples accusations portées contre la gauche depuis le dernier attentat islamiste. 

 

« COLLABO !! ». L’inscription en rouge a été décou­verte hier matin sur le dôme blanc du PCF. Cette charge ano­nyme appa­rait une semaine après la déca­pi­ta­tion de Samuel Paty par un isla­miste à Conflans Saint Hono­rine. À la suite de cet atten­tat, des voix se sont éle­vées pour dénon­cer une forme de com­plai­sance géné­rale de la gauche vis-à-vis de l’islamisme. Jean-Michel Blan­quer a notam­ment évo­qué au micro d’Europe 1 les « ravages » de « l’islamo-gauchisme » à l’université en pre­nant l’exemple de l’UNEF dont la porte-parole voi­lée avait sus­ci­té diverses polémiques.

Depuis plu­sieurs décen­nies, la gauche poli­tique dénonce régu­liè­re­ment les accoin­tances de la droite iden­ti­taire avec l’idéologie fas­ciste des années 30, fai­sant des musul­mans de France les vic­times d’un racisme d’État com­pa­rable au sort des « juifs d’hier ». Mais depuis peu, les attaques semblent se retour­ner contre les accu­sa­teurs. Ceux qui pro­cé­daient à la réduc­tion ad hit­le­rum de leurs oppo­sants poli­tiques en vue de les dis­qua­li­fier du débat public subissent désor­mais un retour de bâton.

Accu­sés à leur tour de tra­hir les idéaux répu­bli­cains à des fins élec­to­ra­listes, les par­tis de gauche, en l’occurrence le PCF, se voient aujourd’hui som­més de se jus­ti­fier. La fai­blesse dont ils feraient preuve vis-à-vis de l’islamisme leur est par­fois repro­chée sous le terme de « col­la­bo­ra­tion », rap­pe­lant les per­son­na­li­tés poli­tiques qui après l’armistice de 1940 avaient accep­té l’Occupation nazie.

 

Chasse aux nazis, un passé qui ne passe pas

 

Indi­gnés par ces dénon­cia­tions qu’ils jugent calom­nieuses au regard du rôle joué par cer­tains com­mu­nistes dans la Résis­tance, les accu­sés contre-attaquent tou­jours sur le même registre, convo­quant une His­toire éter­nel­le­ment récu­pé­rée. Le secré­taire natio­nal du par­ti Fabien Rous­sel attri­bue cet acte à « l’extrême droite fran­çaise » et aux « des­cen­dants de nazis », et a annon­cé por­ter plainte. Il a rap­pe­lé la par­ti­ci­pa­tion à la Résis­tance du PCF sous l’Occupation, tan­dis que Ian Bros­sat, porte-parole du par­ti, a invo­qué le sou­ve­nir du jeune com­mu­niste Guy Môquet, « fusillé par les Nazis » en 1941.

Sans sur­prise, ils ont reçu le sou­tien de plu­sieurs per­son­na­li­tés poli­tiques de gauche comme Jean-Luc Mélen­chon et Clé­men­tine Autain de La France Insou­mise, ou encore de l’écologiste Julien Bayou.

N. T