Jean-Luc Mélenchon a obtenu son « investiture populaire » dans la soirée du 12 novembre. Il avait conditionné sa candidature pour la présidentielle 2022 à l’appui de 150 000 citoyens sur la plate-forme en ligne « Nous sommes pour ». Ce chiffre atteint, l’élu marseillais va devoir s’atteler à son principal défi : réunir l’ensemble des forces de gauche.

Jean-Luc Mélen­chon, chef de La France Insou­mise (LFI), a patien­té moins d’une semaine pour obte­nir son « inves­ti­ture popu­laire ». Ces   « par­rai­nages » doivent encore être vali­dés par un huis­sier. Tou­te­fois, même si cette vali­da­tion n’est pas obte­nue main­te­nant, on peut ima­gi­ner qu’il obtien­dra for­cé­ment le nombre néces­saire de sou­tiens pour atteindre la barre des 150 000 citoyens. Doré­na­vant dans la course pour l’E­ly­sée, l’In­sou­mis va cer­tai­ne­ment ten­ter ce qu’il avait échoué en 2017 : ras­sem­bler tous les mou­vances de gauche autour de son projet.

Mélenchon: le pilier de la gauche

A l’ins­tar de  la der­nière cam­pagne pré­si­den­tielle, le Par­ti socia­liste (PS) son ancien par­ti poli­tique sera la pre­mière cible de Jean-Luc Mélen­chon. Déjà en 2017, il avait opé­ré des rap­pro­che­ments avec Benoit Hamon (can­di­dat PS à la pré­si­den­tielle 2017), mais l’In­sou­mis avait cou­pé net les dis­cus­sions quand Hamon lui avait pro­po­sé de se désis­ter en sa faveur. Les résul­tats de la pré­si­den­tielle 2017 ont chan­gé les rap­ports de force à gauche. Avant cette élec­tion, le PS en était le prin­ci­pal par­ti, et suc­ces­si­ve­ment au cours de l’his­toire, le Par­ti com­mu­niste fran­çais, puis le Front de gauche (ancêtre de LFI) consti­tuaient les forces d’ap­point pour que la gauche dans son ensemble sorte vain­queur, comme en 2012 avec Fran­çois Hol­lande, ou en 1981 avec Fran­çois Mitterrand.

Mais à la pré­si­den­tielle 2017, les places ont chan­gé, le PS a obte­nu 6,36 % des suf­frages expri­més, et LFI avec Mélen­chon à sa tête : 19,58 %. Dès lors, le dépu­té mar­seillais est en posi­tion de force pour négo­cier une éven­tuelle can­di­da­ture com­mune avec les socia­listes. Tou­te­fois, les têtes diri­geantes de ce par­ti his­to­rique semblent avoir des per­son­na­li­tés qui empêchent toute négo­cia­tion avec LFI en vue d’un can­di­dat unique en 2022.

Jean-Luc Mélenchon à la conquête des gauches

 Anne Hidal­go a décla­ré dans une inter­view (Le Point, 17 sep­tembre 2020) qu’elle ne croyait pas que les « échéances de 2021 et 2022 se feront à par­tir des par­tis », mais de coa­li­tions entre sociaux-démo­crates et éco­lo­gistes, comme ce qui lui a per­mis d’être réélue à la Mai­rie de Paris en juin der­nier. Autre­ment dit, Anne Hidal­go est en embus­cade pour une can­di­da­ture à la pré­si­den­tielle 2022. De sur­croit, Arnaud Mon­te­bourg revient dans le champ média­tique. Son livre “Enga­ge­ment” est paru chez Gras­set début novembre. Il fait le tour des pla­teaux de télé­vi­sion et de radio en arguant qu’il est temps de répa­rer l’af­front fait aux Fran­çais depuis l’ar­ri­vée d’Em­ma­nuel Macron à l’E­ly­sée. Ces décla­ra­tions semblent indi­quer un nou­vel inté­rêt pour le débat public pour celui qui avait quit­té la vie poli­tique en 2017. Il revient tout juste un an et demi avant la pré­si­den­tielle 2022, cer­tai­ne­ment moti­vé pour se pré­sen­ter à la tête du PS.

Du coté des éco­lo­gistes, Europe Eco­lo­gie-Les Verts (EELV)  fait géné­ra­le­ment de mau­vais résul­tats aux élec­tions pré­si­den­tielles (2,31 % en 2012, et 1,57 % en 2007), ou ne se pré­sente pas, comme en 2017, où il s’é­tait ral­lié à la can­di­da­ture PS de Benoit Hamon. Par ailleurs, même si les scores d’EELV ont été hono­rables lors des élec­tions euro­péennes de 2019, et muni­ci­pales de 2020, les chiffres masquent une réa­li­té plus amère. Ce par­ti obtient tou­jours de bons résul­tats aux euro­péennes, avant les 13,5% de Jadot en 2019, Cohn-Ben­dit avait obte­nu 16,48% des suf­frages en 2009, mais l’é­lan euro­péen des Verts ne s’est jamais confir­mé à la pré­si­den­tielle. En 2020, EELV a conquis des grandes com­munes comme Lyon ou Bor­deaux, mais acquise suite à une par­ti­ci­pa­tion his­to­ri­que­ment basse (41,86 % de par­ti­ci­pa­tion au niveau natio­nal). La Covid-19 n’a pas inci­té les élec­teurs à se dépla­cer aux urnes.

Ain­si, Mélen­chon devra sur­tout convaincre le PS de se ral­lier à la ban­nière LFI : un com­bat qui s’an­nonce ardu. Quant aux Verts, ils repré­sentent un faible inté­rêt élec­to­ral pour la pré­si­den­tielle. Tou­te­fois, le ras­sem­ble­ment de la gauche n’est qu’une étape pour une vic­toire de Jean-Luc Mélen­chon. S’il réus­sit ce défi, cela lui per­met­tra d’ac­cé­der au second tour. Dès lors, pour accé­der à l’E­ly­sée, il devra ras­sem­bler au-delà des voix de gauche, et réunir des suf­frages cen­tristes: chasse gar­dée d’Em­ma­nuel Macron.