Le Musée égyptien place Tahrir au Caire s’apprête à transférer solennellement vingt-deux momies royales vers le nouveau Musée national de la civilisation égyptienne, situé dans le Vieux Caire. Le succès international des pharaons n’étant plus à prouver, le ministre du tourisme et des antiquités parle d’un « événement mondial ». Le départ du cortège est prévu pour ce vendredi 4 décembre à 17 heures.

 

En matière de pha­raons, l’Egypte voit tou­jours les choses en grand. Ven­dre­di 4 décembre, pas moins de vingt-deux momies et dix-sept sar­co­phages datant des XVIIe à XXe dynas­ties quit­te­ront le Musée égyp­tien de la célèbre place Tah­rir au Caire. Ils enri­chi­ront les col­lec­tions du nou­veau Musée natio­nal de la civi­li­sa­tion égyp­tienne, par­tiel­le­ment ouvert en 2017, dans le quar­tier his­to­rique de la capi­tale, Fus­tat. Par­mi les dix-huit momies de rois et quatre de reines, se trouvent celles d’Amenhotep, de Ram­sès II, ou encore de Séthi Ier.

Le cor­tège se consti­tue de chars de style pha­rao­nique réa­li­sés pour l’occasion, sur les­quels sont écrits en trois langues, hié­ro­glyphes, arabe et anglais le nom du défunt qu’ils trans­portent. Il devrait s’ébranler à 17 heures heure locale, et lon­ger le Nil. Une parade mili­taire est pré­vue. Ini­tia­le­ment vou­lu pour juillet, l’événement avait été déca­lé en rai­son de la crise sani­taire. Le public devra se conten­ter de le suivre à la télévision.

Développer les musées pour stimuler les voyages en Egypte

L’Egypte mise beau­coup sur la créa­tion de nou­velles infra­struc­tures pour déve­lop­per son tou­risme. Selon la direc­trice du Musée égyp­tien, Madame Sabah Abdel Razek, seize des vingt-deux momies sont actuel­le­ment expo­sées dans les salles de ce musée ouvert en 1902, tan­dis que les autres se trouvent dans les dépôts et n’ont jamais vu la lumière.

Afin de mieux valo­ri­ser les col­lec­tions de ce musée fon­dé par le Fran­çais Auguste Mariette, un « Grand Musée égyp­tien » près des pyra­mides de Gizeh ouvri­ra tota­le­ment l’année pro­chaine. En atten­dant, le ministre du tou­risme et des anti­qui­tés, Mon­sieur Kha­led El-Enani, a pré­fé­ré appro­vi­sion­ner le Musée natio­nal de la civi­li­sa­tion égyp­tienne. Il redonne ain­si de l’importance à Fus­tat, la pre­mière capi­tale arabe de l’É­gypte fon­dée en 641, inté­grée aujourd’hui au Vieux Caire.

Le nouveau style pharaonique de la place Tahrir

L’emblématique place Tah­rir, épi­centre de la révolte popu­laire de 2011, fait elle aus­si par­tie des grands tra­vaux. Le dra­peau égyp­tien ne flotte plus au milieu de la place, rem­pla­cé par un obé­lisque de gra­nite rose trois fois mil­lé­naire issu du site archéo­lo­gique de Tanis, dans le del­ta du Nil. Quatre sphinx à tête de bélier et corps de lion, enle­vés au temple de Kar­nak à Louxor, l’entourent depuis le début du mois de mai. Ils n’ont été dévoi­lés qu’à la fin du mois de novembre, comme une mise en bouche de l’impressionnant trans­fert qui approche.

Ce nou­vel amé­na­ge­ment de la place fait polé­mique, au vu des risques liés à la pol­lu­tion, l’é­ro­sion et les dégra­da­tions. Cepen­dant, « ça n’a pas de sens que des obé­lisques égyp­tiens se trouvent sur des places aux quatre coins du monde et qu’il n’y en ait pas sur Tah­rir », sou­ligne l’ex­pert en égyp­to­lo­gie Ali Abu Deshish.

 

Avec notre cor­res­pon­dante sur place au Caire, Jus­tine Mikhaïl Hayeti