Mercredi 20 janvier, quelques centaines d’étudiants ont battu le pavé à Paris pour protester contre les cours en ligne et l’absence de mesures pour les soutenir, alors que certains ne sont pas retournés en cours depuis bientôt un an. Tour d’horizon des revendications.

 

     1. « Vidal démission »

La ministre de l’Enseignement supé­rieur, Fré­dé­rique Vidal, est dans le viseur de la mani­fes­ta­tion étu­diante. Les étu­diants estiment que le gou­ver­ne­ment leur fait injus­te­ment payer la crise sani­taire. Pour Sonia, étu­diante à Nan­terre : « Non seule­ment, les étu­diants ne peuvent pas retour­ner en cours, mais il faut aus­si prendre en compte l’incertitude pour le futur, pour trou­ver un emploi et pour rem­bour­ser les mil­liards que le gou­ver­ne­ment dis­tri­bue aux acti­vi­tés pri­vées de reve­nus ».

 

     2. « Tout le monde déteste le distanciel »

Taux de sui­cide en hausse, explo­sion du nombre de décro­chages sco­laires, mul­ti­pli­ca­tion des dif­fi­cul­tés éco­no­miques… Tous les indi­ca­teurs sont au rouge pour les étu­diants qui clament faire par­tie d’une « jeu­nesse sacri­fiée ». Devant le Pan­théon, sym­bole de l’Université fran­çaise, les mani­fes­tants res­pectent une minute de silence en hom­mage aux étu­diants ne pou­vant plus sup­por­ter la situa­tion actuelle. Les loge­ments pré­caires des étu­diants ne sont en géné­ral pas des lieux pro­pices à un bon appren­tis­sage. Trop exi­gu, trop bruyant, trop sombre… les qua­li­fi­ca­tifs ne manquent pas pour carac­té­ri­ser les loge­ments étu­diants. Les mani­fes­tants semblent regret­ter le temps où ils pas­saient des heures sur des bancs en bois sou­vent incon­for­tables. Nils, étu­diant à la mani­fes­ta­tion lâche, iro­nique : « On n’a pas tous les moyens de se réfu­gier dans une mai­son de vacances ».

 

     3. « Y a pas que les CPGE dans la vie, y a les facs aussi »

Les étu­diants dénoncent le « deux poids, deux mesures » entre les formes d’enseignement. S’ils sont pri­vés de cours en pré­sen­tiel depuis fin octobre, ce n’est pas le cas de leurs cama­rades de Classe Pré­pa­ra­toire aux Grandes Écoles (CPGE) ou de BTS. Ces deux for­ma­tions dépendent en effet des lycées et les cours y sont donc pos­sibles, dans la même mesure que les cours des lycéens. Certes, les pro­mo­tions sont sou­vent plus nom­breuses à l’Université, mais les étu­diants ne manquent pas de pro­po­si­tions. « Faire des cours en demi-groupes, orga­ni­ser un rou­le­ment entre les dif­fé­rentes années d’étude (1re année la semaine A, 2e année la semaine B…), pri­vi­lé­gier les amphi­théâtres… L’objectif est que ceux qui le veulent puissent reve­nir à la facul­té, tout en res­pec­tant les pro­to­coles sani­taires » pro­pose Éric, étu­diant de la Sorbonne.

 

     4. « Rendez-nous nos étudiants »

Le cor­tège est majo­ri­tai­re­ment com­po­sé de jeunes de 18 à 25 ans, mais cer­tains pro­fes­seurs font aus­si connaître leurs reven­di­ca­tions. Mathilde, ensei­gnante à Paris IV, bran­dit une pan­carte où l’on peut lire « Ren­dez-nous nos étu­diants ». Pour elle, la trans­mis­sion de la connais­sance, le cœur de son métier, est véri­ta­ble­ment ampu­té par l’absence de liens avec ses étu­diants. Elle est pré­sente pour sou­te­nir ses élèves, qu’elle sou­haite revoir ni en visio, ni dans la rue, mais bien dans un amphi.

     5. « Facs ouvertes aux enfants d’ouvriers, Facs fermées aux intérêts privés »

Soli­daires, le Nou­veau Par­ti Anti­ca­pi­ta­liste (NPA), l’UNEF étaient par­mi les prin­ci­paux syn­di­cats qui appe­laient à mani­fes­ter ce mer­cre­di 20 jan­vier. Les étu­diants tenaient aus­si des dra­peaux rouges, siglés « Jeunes Com­mu­nistes de France ». De nom­breux tracts cir­cu­laient dénon­çant la poli­tique gou­ver­ne­men­tale, plus lar­ge­ment que la seule ges­tion des étu­diants pen­dant la crise. Cer­taines per­son­na­li­tés poli­tiques, plu­tôt à gauche de l’échiquier poli­tique, se sont joints au début du cor­tège, comme Esther Ben­bas­sa, séna­trice EELV (Europe Éco­lo­gie les Verts). À l’Assemblée, le dépu­té Fran­çois Ruf­fin a lan­cé un appel le 13 jan­vier, en deman­dant au gou­ver­ne­ment de rou­vrir les facul­tés. Mais pour l’instant, ni la mobi­li­sa­tion de rue, ni les appels des dépu­tés n’ont déci­dé le gou­ver­ne­ment à per­mettre aux étu­diants de reve­nir à l’Université.