Big Brother is watching you, mais pas seulement. De plus en plus, Big Brother, ou plutôt Facebook, façonne la réalité autorisée, non plus seulement par des algorithmes, mais par une censure presque aveugle tant elle est ciblée.

Le len­de­main de la mani­fes­ta­tion contre la dis­so­lu­tion de Géné­ra­tion Iden­ti­taire, mou­ve­ment proche du Ras­sem­ble­ment Natio­nal, Face­book cen­sure les pages de Jor­dan Bar­del­la, dépu­té euro­péen, et de Marion Maréchal.

Plus que les pages, Facebook censure les mots

La cen­sure des pages de per­son­na­li­tés devient presque habi­tuelle. Au len­de­main de la prise de pou­voir de Joe Biden à la pré­si­dence des États-Unis, Twit­ter sup­prime la page de Donald Trump. La purge touche éga­le­ment des cen­taines de sym­pa­thi­sants. Alors, après tout, quoi de nou­veau ? Face­book confirme sim­ple­ment que cer­tains n’ont, chez lui, pas droit à la parole.

En réa­li­té, dans l’af­faire des pages cen­su­rées Jor­dan Bar­del­la et Marion Maré­chal, ce ne sont pas les per­sonnes qui sont ciblées, mais les mots qu’elles uti­lisent. Le mot incri­mi­né ? “Géné­ra­tion Iden­ti­taire”. Face­book s’oc­troie désor­mais la pos­si­bi­li­té de blo­quer les comptes de ceux qui uti­lisent les mots inter­dits : “Je serai demain à la mani­fes­ta­tion pour Géné­ra­tion Iden­ti­taire” ou “Géné­ra­tion Iden­ti­taire c’est tous des fachos” en pas­sant par “Vous avez des infor­ma­tions sur Géné­ra­tion Iden­ti­taire ? C’est pour un expo­sé”. Les mes­sages codés et les péri­phrases ont de beaux jours devant eux. On ne peut pas en dire autant de la liber­té d’expression.

Comment Facebook détruit son avenir par la censure

Au fond, les choix de Face­book et Twit­ter regardent leurs PDG. Les entre­prises amé­ri­caines sont libres de leurs actes, tant qu’elles en informent leurs usa­gers et que ces actes res­pectent les lois. Les condi­tions d’u­ti­li­sa­tion que per­sonne ne lit auraient bien pu mettre la puce à l’o­reille aux uti­li­sa­teurs. « Nous déve­lop­pons des sys­tèmes auto­ma­ti­sés pour amé­lio­rer notre capa­ci­té à détec­ter et à sup­pri­mer les acti­vi­tés abu­sives et dan­ge­reuses qui pour­raient por­ter atteinte à notre com­mu­nau­té et à l’intégrité de nos pro­duits », peut-on lire dans les termes d’utilisation. Une for­mu­la­tion aux nom­breuses inter­pré­ta­tions. Reste à créer un réseau social tout aus­si per­for­mant où les idées seraient accueillies sans dis­tinc­tion, et à boy­cot­ter les entre­prises dont les com­por­te­ments ne nous convien­draient pas.

Jus­te­ment, le défer­le­ment de télé­char­ge­ments de Signal, Gab et Par­ler après la cen­sure de Donald Trump mon­trait les consé­quences de cette pra­tique. Mani­fes­te­ment, l’hémorragie d’a­bon­nés ne gêne pas Face­book. Cette perte est pour­tant syno­nyme de perte de reve­nus, de perte d’in­fluence, de perte de contrôle. Peut-être ces consé­quences sont-elles accep­tées par le réseau, qui pré­fère perdre des usa­gers mais ser­vir ses inté­rêts. La cen­sure de pages et de mots façonne une nou­velle réa­li­té, où Géné­ra­tion Iden­ti­taire et Donald Trump n’existent pas. Un monde où leurs idées ne se répandent qu’en pri­vé, ou pas du tout. La créa­tion de ce nou­veau monde vaut peut-être, pour Face­book, la perte d’abonnés.