Dans les colonnes du Figaro, Stéphane Bern s’inquiète de la destruction du patrimoine français. Selon l’animateur, « nous sommes à la veille d’un désastre si nous ne nous mobilisons pas ». Face à cette situation alarmante, des initiatives privées se multiplient pour sauver notre patrimoine.

Dès 1825, Vic­tor Hugo implo­rait « d’arrêter le mar­teau qui mutile la face du pays » (Guerre aux démo­lis­seurs). Mal­heu­reu­se­ment, cette démo­li­tion semble conti­nuer. En décembre 2020 débu­tait la des­truc­tion du pavillon de garde de l’époque de Napo­léon III à  Saint-Cloud, clas­sé aux monu­ments his­to­riques. Plus récem­ment, les pel­le­teuses se sont atta­quées à la cha­pelle Saint Joseph de Lille, datant du 19e siècle. Ain­si, comme l’écrivait Hugo, « chaque jour, quelque vieux sou­ve­nir de la France s’en va avec la pierre sur laquelle il était écrit ». Près d’un quart des monu­ments his­to­riques pro­té­gés dépérissent.

Patrimoine : une restauration par des fonds privés

Face au déli­te­ment du patri­moine, asso­cia­tions et par­ti­cu­liers se mobi­lisent. Hors de ques­tion pour eux de lais­ser s’effriter une part de notre iden­ti­té. En Anjou, l’association SOS Cal­vaires, fon­dée en 1987, connait un second souffle depuis près de deux ans. Menui­siers, maçons et autres arti­sans mettent leurs talents au ser­vice de la sau­ve­garde de ce patri­moine. Cette asso­cia­tion, recon­nue d’intérêt géné­ral, se donne pour mis­sion de res­tau­rer un cal­vaire par mois. La demande des pro­prié­taires et des locaux est forte. Comme le rap­pelle Oli­vier de Rou­gé, son vice-pré­sident, « les cal­vaires sont les témoins de la foi de nos ancêtres mais ils font aus­si par­tis du patri­moine local ». L’association connait un véri­table suc­cès avec l’afflux de dons et la créa­tion d’antennes à Nantes, Rennes et Bor­deaux. Ces béné­voles tentent ain­si de pré­ser­ver une part des racines fran­çaises.

Si l’on veut sau­ve­gar­der le patri­moine fran­çais, les fonds sont néces­saires. Or au niveau de l’État seuls 3% du bud­get du Minis­tère de la Culture y sont alloués. Pour Gilles Car­rez (dépu­té LR), « les moyens consa­crés à l’entretien de notre patri­moine […] sont notoi­re­ment insuf­fi­sants ». Par consé­quent, des ini­tia­tives pri­vées, cagnotte en ligne, mécé­nat, dons et autres col­lectes de fonds, se mul­ti­plient. A l’instar du Loto du Patri­moine por­té par Sté­phane Bern, les Dar­ta­gnans entendent pré­ser­ver entre autre les tré­sors fran­çais grâce au finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif. Ces mous­que­taires du patri­moine ont déjà réus­si à lever près de 2 mil­lions d’euros pour sau­ver le châ­teau de La Mothe-Chan­de­niers dans la Vienne.

Les réseaux sociaux au secours du patrimoine

La valo­ri­sa­tion du patri­moine passe aus­si par les réseaux sociaux. Pierre-Louis Delau­nay et Phi­lippe Sif­fert ont déci­dé de mettre en avant les plus belles places de France sur Face­book et Ins­ta­gram. Au moment où le pays se confi­nait et les lieux cultu­rels fer­maient, les deux étu­diants ont créé la page Patriot­vi­sor, qui ras­semble à ce jour près de 10 000 abon­nés sur Face­book. Ils orga­nisent régu­liè­re­ment des concours : de la plus belle cathé­drale, du plus beau monu­ment et très bien­tôt de la plus belle mai­rie de France. Chaque tour­noi est l’occasion de faire décou­vrir des monu­ments, des régions ou encore des tra­di­tions mécon­nues. Pour Pierre-Louis Delau­nay, le patri­moine « est un témoi­gnage du pas­sé qui est fait pour nous ensei­gner l’histoire de notre pays, pas pour prendre la pous­sière ». Grâce à Patriot­vi­sor, ces deux amou­reux de la France font voya­ger leurs abon­nés par­mi les plus belles richesses du pays.

Avec 45 mer­veilles clas­sées au patri­moine mon­dial de l’Unesco, plus de 45 000 châ­teaux et plus de 100 000 églises, la France a donc besoin de ces ini­tia­tives pri­vées pour pré­ser­ver l’ensemble de ces richesses qui font rayon­ner le pays au-delà de ses fron­tières et qui témoignent de son identité.