La France a décidé de suspendre la distribution du vaccin d’AstraZeneca après que 30 cas d’accidents thromboemboliques ont été observés. Cette décision s’inscrit dans une dynamique commune à plusieurs autres pays européens.

Le vac­cin anglais avait déjà mau­vaise répu­ta­tion. Pro­duit par le labo­ra­toire sué­do-bri­tan­nique Astra­Ze­ne­ca et l’université d’Oxford, son effi­ca­ci­té n’était esti­mée qu’à 70%. Elle dimi­nuait encore pour les plus de 65 ans et se révé­lait éga­le­ment moins grande face au variant sud-afri­cain. Le gou­ver­ne­ment fran­çais aime pour­tant ce vac­cin pour des rai­sons évi­dentes : une dose d’AstraZeneca vaut 1,78€ tan­dis qu’une dose de Moder­na coûte 14,7€ et une de Pfi­zer coûte 12€ ! Par ailleurs, le sto­ckage est facile puisqu’un simple réfri­gé­ra­teur entre 2° et 8° suf­fit à conser­ver les doses.

Un vaccin aux effets secondaires reconnus

Ce vac­cin est le troi­sième auto­ri­sé en France bien qu’il soit le moins uti­li­sé à ce jour. On rap­porte 970 cas d’ef­fets secon­daires indé­si­rables pour 270000 doses admi­nis­trées sur le ter­ri­toire natio­nal fin février. Quelques semaines plus tard, trente cas graves (par­mi les­quels au moins un décès) sont détec­tés dans toute l’Europe. Le 11 mars, le Dane­mark sus­pend com­plè­te­ment la dis­tri­bu­tion d’As­tra­Ze­ne­ca. Rai­son invo­quée :  des cas graves de for­ma­tion de caillots san­guins chez les per­sonnes vac­ci­nées. La Nor­vège et l’Islande suivent rapi­de­ment. Au même moment, l’Autriche constate le décès d’une infir­mière qui avait reçu ce vac­cin. Vienne fait inter­rompre la dis­tri­bu­tion de tout le lot de vac­cins asso­cié à cet acci­dent. Le Luxem­bourg, la Let­to­nie, l’Estonie et la Litua­nie, éga­le­ment concer­nés par ce lot, ont tous réagi de la même manière.

Quand les effets secondaires évoluent

En France, l’Agence natio­nale de la san­té publique indi­quait qu’aucun lien n’était encore éta­bli entre le vac­cin et les caillots san­guins. L’Or­ga­ni­sa­tion mon­diale de la san­té (OMS) assu­rait éga­le­ment qu’ il “n’y a pas de rai­son de ne pas l’utiliser”. C’est dans ces condi­tions que le ministre de la san­té, Oli­vier Véran, annon­çait encore jeu­di 11 mars que la dis­tri­bu­tion du vac­cin Astra­Ze­ne­ca ne serait pas sus­pen­due en France. Quatre jours plus tard, Emma­nuel Macron annonce l’inverse : sus­pen­sion pro­vi­soire du vac­cin en atten­dant l’avis de l’agence Euro­péenne des médi­ca­ments (EMA). Ce chan­ge­ment de déci­sion subit, auquel le gou­ver­ne­ment a habi­tué les Fran­çais depuis le début de la crise sani­taire, s’inscrit dans une dyna­mique com­mune à plu­sieurs autres pays euro­péens. Les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Irlande ont pris une déci­sion iden­tique au cours du week-end. Le chef de l’État a dit « espé­rer reprendre vite » la vac­ci­na­tion avec ce sérum « si l’avis de l’autorité euro­péenne le permet ».