Lundi 8 mars, de nombreuses manifestations étaient organisées partout en France, pour célébrer la journée internationale des droits des femmes. A Paris, le cortège parti de Port-Royal ressemblait plus à un méli-mélo de diverses revendications qu’à un cortège de défense des droits des femmes.

« Bas les Masques ! Auto­dé­fense sani­taire et soli­daire », le col­lec­tif des immi­grants en France ou encore le « TJK‑F, le mou­ve­ment de la femme kurde de France». Voi­ci quelques noms de la cin­quan­taine d’associations qui appe­laient à mani­fes­ter pour célé­brer la jour­née inter­na­tio­nale des droits des femmes. Par­tie de Port-Royal à 13 heures, à Paris, la mani­fes­ta­tion a ras­sem­blé plu­sieurs mil­liers de per­sonnes sous de mul­tiples banderoles.

15h40 : l’heure féministe

Inti­tu­lée « 1ères de cor­vées », la mani­fes­ta­tion se vou­lait un hom­mage à toutes les femmes qui ont lut­té contre la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus, et dont les mani­fes­tants estiment que leur visi­bi­li­té dans la socié­té est trop faible par rap­port à celle des hommes. Deux chiffres pour illus­trer le pro­pos : l’écart de rému­né­ra­tion entre les hommes et les femmes, sans prendre en compte les dif­fé­rents métiers et sta­tuts, est de 25%. C’est comme si chaque jour à par­tir de 15h40, les femmes tra­vaillaient gra­tui­te­ment. L’appel de la mani­fes­ta­tion invi­tait cha­cun, ou plu­tôt cha­cune, à faire grève ce 8 mars, et à mar­quer cet horaire sym­bo­lique de 15h40. Ce que n’a pas man­qué de faire Eli­sa More­no, ministre délé­guée de l’É­ga­li­té femme-homme.

Patriarcat-caca et autres revendications féministes

De nom­breuses pan­cartes fus­tigent le sys­tème dit « du patriar­cat » et les hommes en géné­ral. Une jeune demoi­selle bran­dit par exemple un car­ton où est ins­crit au rouge à lèvres : « Tout le monde déteste les hommes ». Le cor­tège n’est pour­tant pas exclu­si­ve­ment com­po­sé de femmes. Mar­tin, mani­fes­tant mas­cu­lin d’une ving­taine d’années témoigne : « C’est impor­tant de sou­te­nir ce com­bat en tant qu’homme blanc, cis-genre, né à Paris. Et puis, dans ma vie de tous les jours, je fais atten­tion à me remettre en ques­tion sur les avan­tages dont je béné­fi­cie en tant qu’homme ». Inter­ro­gé sur les pan­cartes hos­tiles aux hommes, il botte en touche : « Je ne sais pas si je peux poser un juge­ment des­sus, je pense qu’il faut l’entendre et l’accepter. » Cer­taines par­ties du cor­tège, afin de « pro­té­ger les femmes des assauts des hommes », sont d’ailleurs réser­vées aux seules femmes, sous le nom « d’espaces non mixtes ». Il était pré­fé­rable de ne pas se trom­per de cor­tège lors de cette mobi­li­sa­tion. Mal­heur à l’homme qui inté­grait un cor­tège de les­bienne, il se fai­sait rap­pe­ler à l’ordre par…deux hommes. Comme quoi, le patriar­cat n’a pas que du mau­vais.

Pour l’égalité sala­riale, contre la trans­pho­bie, pour la recon­nais­sance des per­sonnes LGBT, contre les « invi­si­bi­li­sa­tions » des femmes, pour la régu­la­ri­sa­tion de tous les sans-papiers, pour les femmes kurdes, contre la répres­sion des Ouï­ghours, pour la défense des femmes pales­ti­niennes… les sujets de mani­fes­ta­tions semblent infi­nis. Tou­te­fois, pour Océane et Sarah, deux mani­fes­tantes inter­ro­gées, la pre­mière des mesures à prendre pour l’égalité entre les hommes et les femmes est tout sim­ple­ment l’égalité salariale.

Si le res­pect des droits des per­sonnes LGBT et la régu­la­ri­sa­tion des migrants fai­saient par­tie des reven­di­ca­tions, peu de voix s’élevaient contre les tech­niques de mar­chan­di­sa­tion du corps humain, et notam­ment la ges­ta­tion pour autrui. La veille, dimanche 7 mars, 268 mariannes de la Manif Pour Tous défen­daient elles aus­si les droits des femmes, en rap­pe­lant leur ferme oppo­si­tion à la GPA.