La France a atteint mi-avril la barre des 100 000 morts de la Covid-19. Emmanuel Macron, Olivier Véran et d’autres membres du gouvernement se succèdent devant les caméras pour rendre un hommage officiel ou plus personnel à ces morts. Ils semblent oublier que, dans cette pandémie, le plus dangereux n’est pas celui qu’on croit.
Le nombre de morts dus à la Covid-19 est probablement sous-estimé, à cause des décès à domicile et des retards de déclarations. Pour autant, les chiffres officiels annonçaient jeudi 15 avril que le cap symbolique des 100 000 morts de la Covid-19 avait été franchi. 100 000 visages, 100 000 noms qu’Emmanuel Macron ne veut pas oublier, comme il l’a déclaré jeudi sur Twitter. Ces morts avaient des enfants, des petits-enfants, des familles. Mais, si l’on compte mal les morts de la Covid-19, on compte plus mal encore les blessés de la politique gouvernementale menée depuis un an.
Des mesures gouvernementales destructrices pour contrer la Covid-19
Si la Covid-19 touche, du moins pour le moment, principalement les personnes âgées (78 % des décès), les mesures gouvernementales, elles, touchent l’ensemble de la population. En résultent de nombreux dommages, parfois dramatiques, qui touchent tout le monde et à tout âge. Les enfants sont quatre fois plus sujets aux troubles psychologiques aujourd’hui comparé à la normale, car livrés aux rythmes irréguliers du télétravail et de l’école à distance, privés de la cantine qui, pour certains, représente le seul repas équilibré de la journée. Perturbés par les masques, la distanciation sociale, l’angoisse ambiante, ils sont plus violents, plus dépressifs, plus suicidaires. Janvier 2021 a marqué une hausse de 80% des passages aux urgences pédiatriques pour troubles de l’humeur par rapport à janvier 2020.
Les enfants triquent, et les parents ne sont pas à la fête non plus. Bien que le gouvernement et les médias parlent en boucle des dispositifs d’aides financières, ces dernières sont loin d’être suffisantes. Les restaurateurs, commerçants ou gérants de boîtes de nuit ont besoin de savoir quand ils pourront rouvrir, afin de se projeter, d’anticiper leurs recrutements et leur réapprovisionnement. Le flou artistique maintenu par le gouvernement à coup de conférences de presse stériles, au lieu de leur donner des réponses, angoisse plus qu’il n’endort.
Cette impossibilité de se projeter est également terrible pour les étudiants. En plus d’être privés d’une vie sociale emblématique de leur âge, ils sont confinés dans des appartements souvent minuscules, obligés de rester concentrés sur leur seul écran pendant des heures. Un étudiant sur cinq dit avoir eu des pensées suicidaires pendant la crise, et un sur trois présente des état dépressifs et anxieux. En 2018, selon une enquête de l’Observatoire national de la vie étudiante, 8% des 19 000 étudiants interrogés avaient pensé à se suicider. Les mesures gouvernementales pourraient donc avoir plus que doublé les pensées suicidaires des étudiants.
100 000 morts de la Covid-19, des mesures gouvernementales inadaptées
Les vagues pandémiques se suivent et se ressemblent, à l’inverse des mesures gouvernementales. Depuis le début de la pandémie, le gouvernement choisi d’appliquer ses mesures à l’ensemble de la population, afin de tenter de limiter la circulation du virus dans le pays. Faute de pouvoir éviter les morts, on essaye de limiter le nombre de cas. Un confinement uniquement pour les personnes âgées avait été évoqué, et vite écarté par le gouvernement, la mesure étant juridiquement difficile à mettre en oeuvre. Et pourtant, , les moins de 64 ans représentent “seulement” 8% des décès dus à la Covid-19.
Le gouvernement a donc souhaité appliquer les restrictions à l’ensemble de la population, tout en gardant les frontières ouvertes : comble de l’incohérence, quand on voit les ravages provoqués par certains variants à l’étranger. Les Français comprennent également mal que les voyages à l’étranger soient encore permis : Jean-Luc Mélenchon est en déplacement en Amérique du Sud, alors qu’eux-mêmes ne peuvent pas aller acheter leur pain après 19h.
Sévère à l’intérieur, laxiste à l’extérieur, sévère pour tous pour protéger quelques-uns, la politique gouvernementale pose question. Elle n’aura pas permis d’éviter que 100 000 personnes meurent de la Covid, et aura bouleversé la vie de tous les Français, parfois, durablement, quand ce n’est pas définitivement. Tout ceux qui ont mis la clef sous la porte ou se sont séparés à cause des confinements à répétition en sont témoins. Sans parler des enfants qui ne sont pas nés, (100.000), ou des couples qui ne sont pas formés, (des millions ?) faute d’interactions sociales… Cette politique pose d’autant plus question que d’autres pays, comme la Suède, dont les mesures sanitaires étaient beaucoup moins contraignantes, ne dénombrent pas plus de morts en proportion de leur nombre d’habitants.