Depuis le début de l’Euro, l’équipe de France tergiverse sur le genou à terre. Signe d’une soumission à une idéologie racialiste pour certains, symbole de la lutte antiraciste pour d’autres, ce geste suscite le débat à l’intérieur et en dehors des stades. Retour sur une pratique qui bouscule le foot français.
Ce devait être une grande fête populaire, un moment d’union nationale autour des Bleus, mais depuis le début de l’Euro de football, le débat sur le genou à terre envenime les relations entre les joueurs et leurs supporters.
Pour rappel, ce geste d’indignation apparut après le décès aux Etats-Unis de George Floyd, mort asphyxié par un policier blanc. En réaction à ce meurtre a surgi le mouvement Black Lives Matter [Les vies noires importent en anglais, NDLR]. Les BLM affirment que les nations occidentales sont en soi racistes et que les « blancs » doivent se repentir pour la colonisation. Une des manières de se battre la coulpe consiste à poser le genou à terre avant les matchs de football. Le 2 juin à Nice, lors de la préparation de l’Euro face au Pays de Galle, la sélection de Didier Deschamps s’était agenouillée mais ce geste n’avait pas suscité la polémique.
La veille du match France-Allemagne, une déclaration du capitaine des Bleus, Hugo Lloris provoqua un tollé. Pour leur entrée dans la compétition, les champions du monde décidaient de s’agenouiller : « Le genou par terre, c’était une décision collective. On part du principe que si on doit le faire, toutes les nations doivent le faire avec l’appui de l’UEFA. »
En campagne électorale, les hommes politiques se déchaînent
Dans un contexte de campagne pour les régionales, les personnalités politiques ergotent sur cette sortie du capitaine des Bleus. Du côté des soutiens, les hommes de Didier Deschamps peuvent compter sur la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu. Quelques heures avant l’entame du match, elle expliquaient sur LCI : « Le sport est un formidable outil contre les discriminations. » Dans une démarche plus militante et virulente, la députée européenne La France Insoumise, Manon Aubry, pestait sur Twitter : « Le déferlement de haine de l’extrême droite qui a lancé le hashtag #BoycottÉquipeDeFrance montre à quel point les Bleus ont raison de se mobiliser ! »
Mais cette sortie polémique provoqua l’ire d’autres responsables politiques. Au micro d’Europe 1, Thierry Mariani, candidat RN pour la région PACA, s’indignait : « Black Lives Matter, c’est un drame (…) avec la police américaine, pas avec la police française, qui n’a jamais eu ces dérives. » Éric Ciotti, député LR, ne dit pas le contraire. Lui préférerait que les Bleus montrent leur soutien aux policiers. Il souligne qu’aucun genou n’a été posé à terre « pour les victimes du terrorisme islamiste ou les policiers assassinés par des barbares ».
Un cadeau tombé du ciel
Le soir du match, un événement permit aux Bleus de ne pas s’agenouiller en gardant la tête haute. Un militant de Greenpeace fit immersion sur la pelouse avec un parapente. Cette action contraignit les joueurs à ne pas s’agenouiller.
Deux jours plus tard, Raphaël Varane expliqua la situation. Le refus de la génuflexion n’était pas dû au hasard, ni au militant de Greenpeace, mais venait « d’un choix de toute l’équipe ». Devant les journalistes présents, il précisa : « Aujourd’hui ce geste est un symbole de crispation. »
Crispation que l’équipe de France ne souhaite pas entretenir. Le match contre la Hongrie le prouve. Les genoux des Bleus n’ont pas foulé la pelouse du stade de Budapest avant le match contre la Hongrie.