En temps de peste, les rois avaient interdit les baisers. Henri IV leva cette interdiction. Aujourd’hui, les Français attendent le retour des contacts physiques. Le naturel reviendra-t-il au galop ? 

Le “check” (le “poing-à-poing” en fran­çais),  les coups de coude, les salu­ta­tions par un coup de tête, les simples “bon­jour” sont depuis plus d’un an les prin­ci­pales façons d’en­trer en relation.

En mars 2020, dès le début de la crise, l’an­cienne ministre de la San­té, Agnès Buzyn sou­li­gnait ce chan­ge­ment d’ha­bi­tude. Les der­nières publi­ci­tés dans les grandes métro­poles et les jour­naux le rap­pellent : “N’ou­bliez pas les bar­rières qui sauvent”.

Cet effort pour limi­ter la pro­pa­ga­tion du COVID entraî­ne­rait un chan­ge­ment cultu­rel à long terme. Pour­tant, celui-ci ne serait pas uni­forme sur le ter­ri­toire : les sudistes res­te­raient latins dans leur rap­port au corps, contrai­re­ment aux nor­distes, qui sont, his­to­ri­que­ment, moins tactiles.

Les Fran­çais s’a­daptent bien et cer­taines per­sonnes son­dées lors d’un micro-trot­toir se réjouissent de “cette dis­tan­cia­tion sociale”, qui per­met “de reve­nir à l’essentiel”.

En février 2020 à Séoul, le Président de la Corée du Sud salue un collaborateur.
Cré­dits : Nou­vel Obs. En février 2020 à Séoul, le pré­sident de la Corée du Sud salue un collaborateur.

Fabienne Mar­tin-Juchat, anthro­po­logue, se réjouit du réajus­te­ment qu’en­traînent les gestes bar­rières : “Même avant la crise sani­taire, il y avait un pro­blème. On a assis­té à une dérive de la bise, qu’on fait à tout bout de champs, notam­ment dans le milieu pro­fes­sion­nel, depuis les années 1990. (…) Je pense en revanche que la dis­tance sociale per­du­ra en milieu professionnel.”

A l’in­verse, David Le Bre­tonsocio­logue, parie sur la dis­pa­ri­tion des gestes-COVID et le retour à une vie nor­male : “Aux yeux de beau­coup de gens, quand on se tape le coude ou qu’on se touche le pied, on est un peu dans la cari­ca­ture des gestes d’affection.”