Malgré lui, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national en Ile-de-France, soulève un tollé sur les réseaux sociaux. En cause, une photo où l’on peut le voir voter face une assesseure voilée.

Jor­dan Bar­del­la, qui a conspué l’immigration et l’islamisme pen­dant toute sa cam­pagne, s’est retrou­vé contraint d’émarger les registres de vote face à une asses­seure arbo­rant un hijab dans son bureau de vote de Seine-Saint-Denis. C’est sans doute l’image choc qui res­te­ra dans les mémoires de ce scru­tin, alors même qu’une vague Ras­sem­ble­ment natio­nal est annon­cée pour ce pre­mier tour des élec­tions régionales.

Vives réactions sur Twitter

Sous la pho­to pos­tée par Jor­dan Bar­del­la, est relayée plus de mille fois, les twit­tos s’in­dignent. Impos­sible pour eux qu’une femme voi­lée puisse enre­gis­trer les votes de ses conci­toyens au nom du prin­cipe de neu­tra­li­té des bureaux de vote. Cepen­dant sur ce point, un flou juri­dique et légis­la­tif demeure. Si la loi inter­dit bien toute reven­di­ca­tion poli­tique au sein du bureau de vote, elle ne dit rien quant au port de signes reli­gieux. Mais pour beau­coup, le port du voile n’est tout sim­ple­ment pas « une tenue de la Répu­blique » et n’est donc pas com­pa­tible avec l’exercice d’assesseur.

Loin du domaine juri­dique, d’autres inter­nautes s’enflamment sur un ter­rain cultu­rel et civi­li­sa­tion­nel. Sous la pho­to, les inter­nautes com­mentent vive­ment : « La Seine-Saint-Denis ce n’est plus la France », « La France isla­mi­sée » ou bien « J’ai cru que c’était en Algé­rie ». Cette femme ne serait donc pas « en tenue fran­çaise ».

Mais c’est sur­tout une autre ques­tion qui traine sur toutes les lèvres. En effet, beau­coup se demandent si la muni­ci­pa­li­té de Saint-Denis, d’o­bé­dience com­mu­niste, a « fait exprès de choi­sir cette femme [voi­lée] comme asses­seur pour pro­vo­quer Jor­dan Bar­del­la ». Mais mal­gré cette pos­sible pro­vo­ca­tion, le can­di­dat du Ras­sem­ble­ment natio­nal par­vient à tirer son épingle du jeu. En ce jour où tout com­men­taire poli­tique est inter­dit dans l’es­pace média­tique, Jor­dan Bar­del­la réa­lise en effet un coup de génie : por­ter un dis­cours poli­tique par le biais d’une pho­to titré sobre­ment « A voté, à Saint-Denis ». De fait, la pho­to se suf­fit à elle-même pour illus­trer le dis­cours que tient le Ras­sem­ble­ment natio­nal depuis de longues années.