Samedi 23 octobre, 17h00 : Le gouvernement colombien annonce fièrement l’arrestation du plus grand narcotrafiquant du pays, Dairo Antonio Usuga, alias « Otoniel ». L’épilogue d’une traque qui aura duré… 7 ans !
« Le coup le plus sévère » porté aux cartels de drogue de Colombie. Par ces mots, Ivan Duque, le président colombien, se félicite devant les médias et sur les réseaux sociaux. Le chef de l’État se présente en grand vainqueur de cette interminable chasse à l’homme. Le narcotrafiquant le plus recherché du pays est enfin sous les verrous. Une première depuis l’exécution du mentor d’Otoniel, le fameux Pablo Escobar. Quand il était chef du cartel de Medellín, dans le nord-ouest du pays, il manipulait jusqu’à 80 % du trafic mondial de cocaïne ! Escobar fut abattu par la police colombienne en 1993.
Drogue : une traque mobilisant de gros moyens
Les images de l’arrestation d’Otoniel diffusées par le gouvernement sont frappantes : le hors-la-loi paraît vêtu de noir, entouré de militaires lourdement armés. La filature mobilisa 22 hélicoptères et 500 policiers, et provoqua la mort de l’un d’entre eux. Les traqueurs n’étaient pas seulement colombiens puisque le général Jorge Vargas, directeur de la police du pays, confia que les Britanniques et les Américains l’avaient aidé. Les Etats-Unis avaient même promis 5 millions de dollar en récompense de son arrestation. La capture du criminel à Necocli sur la frontière avec le Panama demeure, selon le président colombien, « l’expédition dans la jungle la plus importante jamais vue dans l’histoire militaire de notre pays » . Le ministre de la Défense, Diego Molano, a indiqué lundi 26 octobre que le baron de la drogue serait extradé aux Etats-Unis. Cette décision fait suite à la demande du tribunal de New York : l’Amérique tient à faire payer Otoniel pour le mal qu’il a commis sur leur territoire. Car celui-ci étendait ses réseaux jusqu’au-delà des frontières de la Colombie, jusqu’à créer des succursales dans plusieurs pays.
L’explosion du premier trafic de drogue de Colombie
Le narcotrafic est une affaire de famille chez les Usuga. D’abord, il y a le frère aîné d’Otoniel, Juan de Dios, surnommé « Giovanni ». Il prendra la tête du cartel le Clan del golfo jusqu’à sa mort en 2012. Familier des guérillas et des opérations armées, Otoniel est connu par la police pour avoir affronté les groupes marxistes aux côtés de milices d’extrême-droite. C’est sous cette étiquette qu’il poursuit son marché noir dans le plus grand pays exportateur de cocaïne au monde : une contrebande faite de drogue, d’exploitation minière, d’extorsions, dans près de 300 villes de Colombie. Le patron du Cartel avec un grand C se terrait dans la jungle. il employait des coursiers pour communiquer, dormait sous la pluie, loin des zones habitées. Une proie difficile à capturer.
Le président Ivan Duque le confirme: le Clan del Golfo est responsable de la pire vague de violence depuis la paix conclue avec les FARC en 2016. Ce groupe terroriste menait la vie dure au gouvernement conservateur. Cette époque n’est pas révolue, comme le montre l’attentat perpétré contre le président en 2019, après l’arrêt des pourparlers avec la guérilla marxiste. L’énorme réseau d’Otoniel est maintenant privé de chef. Il s’agit désormais d’éliminer l’organisation, ce qui constitue, selon le général Jorge Vargas, un objectif complexe et très ambitieux.