Ce vendredi 26 novembre, Emmanuel Macron s’est rendu au Saint-Siège pour la seconde fois de son quinquennat. L’occasion d’envoyer des signaux aux catholiques à cinq mois de l’élection présidentielle.
Le chef de l’État ne l’a pas caché : c’est bien lui qui a demandé à s’entretenir avec le pape François, à l’occasion de son voyage officiel en Italie. Arrivé à la Maison pontificale à 11 heures, Emmanuel Macron en est ressorti à 13h20, alors que l’emploi du temps officiel prévoyait 12h30. Le tête-à-tête a presque duré une heure, ce qui est long et rare, et signe la bonne entente entre les deux hommes. Cette familiarité s’illustre par leur attitude après l’échange : une bonne poignée de main, un tutoiement, et les cadeaux traditionnels échangés. Pour faire honneur au passé jésuitique du pape François, le président français lui a offert deux biographies de Saint Ignace de Loyola dont l’une écrite par l’académicien François Sureau, proche du souverain pontife sur les questions migratoires. De son côté, le pape a remis à son homologue français une peinture sur céramique représentant la basilique Saint Pierre et des textes papaux. Des embrassades chaleureuses ont clos l’audience.
Un geste politique de Macron au crépuscule de son (premier) quinquennat
Un mois après la venue du Premier ministre Jean Castex et cinq mois avant l’élection présidentielle, la date de cette visite n’est pas anodine. Les sujets de discorde entre les catholiques et le président ont été abordés : la bioéthique, la question migratoire, l’Europe, le climat. Ces thèmes rapprochent les deux hommes, dans le cadre d’un tour d’horizon d’un « monde en crise », déstabilisé par les conflits, le changement climatique et la crise sanitaire.
Emmanuel Macron s’est dit « personnellement » défavorable à l’allongement de la durée de l’IVG de 12 à 14 semaines, et a souligné qu’il ne tenait pas à parler de la fin de vie d’ici la fin de son quinquennat. Le pape François y compte bien. La question vaccinale a aussi été mise sur la table. Le président Macron et le souverain pontife ont été d’accord sur ce point : il faut donner un accès libre au vaccin pour les pays les plus pauvres. Après le drame de la mort de 27 personnes dans la Manche, la question migratoire a été abordée. C’est ici que les visions semblent diverger : le pape s’est dit favorable à un plus large accueil des migrants, tandis qu’Emmanuel Macron lui a répondu qu’il s’agit d’une problématique étatique, non religieuse. Mais le point de convergence s’est vérifié : venir à bout de la montée inquiétante des populismes. Quant au rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église, il n’a pas été au menu.
C’est dans un tweet que le chef de l’État a résumé l’échange : « Nous partageons avec le pape François la même détermination et des valeurs universelles. »