Dimanche 9 janvier au soir ont débuté des pourparlers à Genève entre les États-Unis et la Russie. Objectif : apaiser les tensions au sujet de l’Ukraine et aplanir les relations entre les deux géants.
Vladimir Poutine et Joe Biden ont décidé d’envoyer au front leurs deux vice-ministres des Affaires étrangères : le Russe Sergueï Riabkov et l’Américaine Wendy Sherman. Premier défi : éviter à tout prix un conflit en Ukraine. La Russie a massé près de 100 000 soldats à la frontière ukrainienne et les Occidentaux les accusent de préparer une invasion. Ils menacent Poutine de sanctions « massives » et sans précédent s’il attaquait à nouveau le pays voisin. Les diplomates américains ont dévoilé au New-York Times que les sanctions envisagées étaient déjà connues : isoler les grandes institutions financières russes du marché mondial pour affaiblir directement l’économie, empêcher l’entrée en fonction du gazoduc Nord Stream 2 cher au Kremlin, geler les exportations de produits américains utilisés par les différentes industries russes, notamment les industries privilégiées de Poutine comme l’armement ou l’aérospatiale ou bien à terme fournir des armes aux Ukrainiens pour combattre les soldats russes, si nécessaire. Ils espèrent ainsi influencer les décisions de leurs interlocuteurs.
De son côté, le président russe et le vice-ministre des Affaires étrangères sont résolus à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Vladimir Poutine s’est déjà entretenu deux fois avec son homologue américain depuis le début de la crise. Il se montre très clair : les sanctions brandies comme une menace seraient une « erreur colossale » et auraient l’effet inverse que celui escompté. Il exige donc le dialogue.
Dimanche 9 janvier au matin, comme un avant-goût de la réunion du soir, son vice-ministre a donc annoncé exclure toute « concession », et s’est déclaré « déçu des signaux venant ces derniers jours de Washington, mais aussi de Bruxelles ».
Et les Européens ?
Un autre sujet qui sera mis sur la table : la sécurité en Europe. Les États-Unis et la Russie vont tenter de rapprocher ici des visions apparemment irréconciliables. Bruxelles a pris parti : tous contre Poutine. Avec les États-Unis, elle demande le retrait des 100 000 soldats stationnés sur la frontière ukrainienne et la relance des accords de Minsk censés mettre fin au conflit dans le Donbass, conflit contre des séparatistes prorusses à l’est du pays. De son côté, la Russie a aussi dévoilé ses exigences : elle demande la fin de l’élargissement de l’Otan à ses frontières ainsi que la diminution des effectifs militaires de l’Alliance en Europe de l’Est.
Le secrétaire d’État américain rassure sa voisine : « Il n’y aura rien sur l’Europe sans l’Europe ». Ainsi, les pourparlers de ce soir seront la première étape d’une longue série de discussions. Celles-ci se poursuivront avec une réunion entre l’Otan et les États-Unis mercredi à Bruxelles, puis une rencontre jeudi à Vienne avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour inclure les Européens qui redoutent trop d’être marginalisés.