Plus de 18 000 Français se sont rassemblés à Paris, samedi 8 janvier, pour manifester contre l’instauration du passe vaccinal. Un chiffre donné par la Préfecture mais contesté par les observateurs sur place.

Coups de sif­flets, pan­cartes “Liber­té” ou “Non à l’a­par­theid”, dra­peaux fran­çais et fumi­gènes. Mal­gré la pluie, les rues de Paris sont combles entre le Palais Royal et la place Vau­ban. Les slo­gans fusent, la musique cra­chée par la sono encou­rage les mani­fes­tants. La popu­la­tion est hété­ro­gène. Des bour­geois du XVIème au SDF un peu saoul, le com­bat contre le passe vac­ci­nal est sans doute le seul à réunir toutes les classes sociales aujourd’­hui : “Macron, ton passe, on n’en veut pas ! ” Un cri dans le désert face à un gou­ver­ne­ment sourd aux véri­tables pro­blèmes de son peuple.

Des manifestants antisystème

Moi, je suis venu de Mar­seille, ça m’a coû­té 250 balles, mon fils autiste a été piqué de force, autant vous dire que je n’ai plus aucun espoir pour l’avenir”. Comme celui de ce quin­qua­gé­naire aux che­veux longs, les témoi­gnages des mani­fes­tants sou­lignent un ras le bol géné­ral du sys­tème et de notre gou­ver­ne­ment. “C’est pour mes enfants que je m’in­quiète, je ne vois vrai­ment pas com­ment les choses peuvent chan­ger”, déplore une petite avo­cate blonde. Pour leur part, les seniors de la mani­fes­ta­tion s’in­surgent contre le pré­sident de la répu­blique qui ne res­pecte pas leur liber­té : “à par­tir du moment où le vac­cin est encore expé­ri­men­tal, on ne peut pas nous l’im­po­ser”, “se faire vac­ci­ner est encore un droit, pas un devoir”, “le gou­ver­ne­ment ruine notre liber­té”.

Plu­sieurs syn­di­cats sont éga­le­ment au ren­dez-vous. Un membre de la Cocarde étu­diante nous explique qu’il n’est pas nor­mal que les étu­diants subissent toutes les mesures sani­taires alors que le covid-19 ne pré­sente aucun risque pour cette géné­ra­tion. L’un des porte-parole de ce syn­di­cat étu­diant s’est éga­le­ment expri­mé sur le podium de la mani­fes­ta­tion : “Nous sommes les seuls à expri­mer les droits des étu­diants. Jamais les décro­chages sco­laires et les dépres­sions n’ont été aus­si nom­breux. Il y a une frac­ture entre les étu­diants vac­ci­nés qui peuvent ren­trer chez leurs parents, et les non-vac­ci­nés qui ne peuvent pas”. Du côté du syn­di­cat poli­cier, un mani­fes­tant s’indigne: “Ce n’est pas notre métier que de trier les citoyens en fonc­tion de leur sché­ma vac­ci­nal!” Marc Menant, his­to­rien et chro­ni­queur chez Cnews, quant à lui, s’ex­prime haut et fort : “Je ne suis pas là en tant que jour­na­liste, je suis là en tant que mili­tant de la liber­té!

La plu­part des mani­fes­tants ne s’opposent pas au vac­cin en tant que tel ni même au passe vac­ci­nal exclu­si­ve­ment: c’est le sys­tème tout entier et le gou­ver­ne­ment qu’ils dénoncent. Un vieux mon­sieur seul sous son para­pluie nous assure que, prêt à céder à la vac­ci­na­tion, il s’est ravi­sé après les pro­pos d’Emmanuel Macron dans le Pari­sien le 4 jan­vier. La las­si­tude gagne les Fran­çais dans ce sys­tème qui bafoue leur liber­té, et qu’ils espèrent bien voir chan­ger au pro­chain scrutin. 

Le passe vaccinal comme critère pour l’élection présidentielle

“ Hon­nê­te­ment, je pense que je vais voter contre mes prin­cipes mais pour un can­di­dat qui défend les liber­tés, l’heure n’est plus à l’idéologie, l’heure est au com­bat” nous explique Chris­tine, pro­fes­seur de fran­çais, diplô­mée de Nor­mal Sup. En cette année pré­si­den­tielle, l’enjeu de la mani­fes­ta­tion était hau­te­ment poli­tique. Flo­rian Phi­lip­pot l’a bien com­pris, lui qui veut aus­si pré­sen­ter sa can­di­da­ture. De nom­breux mani­fes­tants semblent séduits : “C’est le seul cou­ra­geux depuis le début sur le sujet!” nous ont confes­sé quelques per­sonnes. Ce sont cepen­dant les can­di­dats dits “ extrêmes” qui recueillent le plus d’intentions de vote : Jean-Luc Mélen­chon, Marine le Pen et Eric Zem­mour incarnent l’espoir de nom­breux mani­fes­tants. La ques­tion des liber­tés et le posi­tion­ne­ment poli­tique des dif­fé­rents can­di­dats sur la ques­tion sani­taire sera donc un élé­ment cru­cial, si ce n’est unique, pour gui­der le vote de ces Fran­çais qui crient leur colère depuis déjà plu­sieurs mois.

Tous nous ont avoué se sen­tir tra­his, mépri­sés et incom­pris par une classe poli­tique éli­tiste qui guide le peuple selon des règles moné­taires et des injonc­tions de l’Union Euro­péenne. La perte de la sou­ve­rai­ne­té natio­nale inquiète et bon nombre des per­sonnes inter­ro­gées pren­dront en compte ce fac­teur dans leur vote, en avril prochain.

 

Marie-Liesse Che­va­lier et Mar­gue­rite Aubry