Au Conseil français du culte musulman (CFCM) va succéder le mois prochain le Forum de l’Islam de France (FORIF). Une question demeure : est-il possible et réaliste de structurer l’islam en France ?
Fondé en 2003, le CFCM regroupe huit associations censées représenter les différentes tendances de l’Islam de France (UMF, GMP, MF, CCMTF, CIMG France, RMF, FFAIACA et FP). Miné par les désaccords, celles-ci transformèrent l’organisme en « coquille vide », selon les mots de son président Mohammed Massaoui. D’ailleurs, le mois dernier, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin avait annoncé que le dialogue était rompu entre le CFCM et l’Etat. Si le FORIF constitue une nouvelle tentative de départ, les questions demeurent : les rapports avec la République, le financement et la formation des imams.
L’absence d’unité
En début de semaine, un haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur confiait au Figaro que les différentes tendances de l’islam en France « n’ont pas de véritables différends idéologiques mais qu’elles importent sur notre sol une guerre algéro-marocaine ». Les Algériens de la branche du recteur de la grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Haffiz, ne parviennent pas à s’entendre avec les Marocains, menés par le nouveau président du Conseil national des imams, Mohammed Massaoui. Il y a aussi des Tunisiens et des Turcs dont l’association Milli Gorüs est controversée. Chacun a une vision différente de la manière d’appliquer le Coran, en ce qui touche à l’égalité homme-femme, au prosélytisme, ou encore à la laïcité. Les associations islamiques ne sont pas unies. Elles illustrèrent leurs désaccords lors de la signature de la charte pour l’Islam de France (janvier 2021). Trois des huit associations membres du CFCM la refusèrent dont Milli Gorüs et l’association pakistanaise, de tendance rigoriste, Foi et Pratique.
Une nouvelle tentative vouée à l’échec ?
En 2003, le volontarisme de Nicolas Sarkozy, alors ministre l’Intérieur, se révéla sans effet. En octobre 2007, à la Grande mosquée de Paris, il avait vanté la nouvelle institution comme « un facteur d’intégration et d’apaisement ». Mais les années qui suivirent ne montrèrent aucun progrès. Emmanuel Macron saura-t-il régler cette question ? Les décrets de la loi sur le séparatisme adoptés en août dernier sont attendus en février. Ils touchent toutes les religions et présagent un regain de tension dans les relations avec l’Etat. L’islam est encore loin d’être le « partenaire de la République » dont rêvait le président lors de ses vœux aux religions le 5 janvier dernier.