Dans une conférence de presse donnée hier après-midi dans son QG de campagne du XVIIe arrondissement de Paris, la candidate Les Républicains a attaqué frontalement le président, après ses propos sur les non-vaccinés publiés dans Le Parisien.

Valé­rie Pécresse veut se repla­cer au centre du jeu. La can­di­date était don­née comme la prin­ci­pale rivale après les pri­maires de décembre. Or, le der­nier son­dage Ipsos Sopra Ste­ria, paru hier soir, donne Marine le Pen en deuxième posi­tion. La cam­pagne s’an­nonce très concur­ren­tielle et Valé­rie Pécresse doit démon­trer sa solidité.

« Je dois relever la fonction présidentielle »

La can­di­date LR cherche à se mon­trer comme la seule alter­nance pos­sible, face à un pré­sident sus­ci­tant « la dis­corde et le mépris ». Elle s’affirme comme le porte-voix de tous ceux qui se seraient sen­tis bles­sés par les pro­pos macro­niens – les non-vac­ci­nés autre­ment dit. Valé­rie Pécresse pré­tend incar­ner « le res­pect » face au mépris. Et de rap­pe­ler des paroles comme « les gau­lois réfrac­taires, gens qui ne sont rien ». S’en prendre au pré­sident, c’est un moyen de ras­sem­bler un camp divisé.

Le passe vaccinal

« Je ne serai pas une pré­si­dente soliste, mais une pré­si­dente chef d’orchestre », pour­suit-elle. Après la débâcle des Répu­bli­cains sur le passe vac­ci­nal, Valé­rie Pécresse veut mon­trer l’unité de son camp et sa vigueur, en parais­sant entou­rée de ses anciens concur­rents à la pri­maire et du pré­sident du Sénat. Pour­tant, elle est favo­rable au passe vac­ci­nal, mais les dépu­tés de son camp sont divi­sés, comme le montre le vote à l’Assemblée natio­nale du 5 jan­vier. Ils se mon­trèrent inca­pables de se fixer une ligne com­mune, cha­cun en fai­sant à sa tête. Il était temps pour la pré­ten­dante LR de se repo­si­tion­ner en can­di­date sûre d’elle-même, proche des réa­li­tés des Français.

Relever la tête

Valé­rie Pécresse accuse le pré­sident d’être « décon­nec­té des aspi­ra­tions pro­fondes » des Fran­çais. Une réfé­rence indi­recte aux per­sonnes non-vac­ci­nées, à qui elle adres­sa un mes­sage de sou­tien en début de semaine, alors même que le pré­sident les trai­tait d’« irres­pon­sables ». Cet appel à ces 8 % de récal­ci­trants ne tient pas du hasard. Le der­nier son­dage Ipsos publié hier soir la donne juste der­rière Marine le Pen, à 16% . Ce chiffre inquiète son camp. D’au­tant que la cote du pré­sident de la Répu­blique ne baisse pas, même après ses pro­pos sur le non-vac­ci­nés. Emma­nuel Macron oscille tou­jours entre 26 et 27%, loin devant ses concurrents.

Se distinguer ou couler

Valé­rie Pécresse est pla­cée devant une alter­na­tive : se dis­tin­guer à droite ou cou­ler. Inter­ro­gé sur France info, le poli­to­logue de chez Ipsos, Mat­thieu Gal­lard, estime qu’il « y a un fort scep­ti­cisme » de la part de l’électorat de Valé­rie Pécresse sur sa vic­toire au pre­mier tour. Les réti­cents au vac­cin hésitent à faire le pas vers Éric Zem­mour ou Marine le Pen. Valé­rie Pécresse cherche à les séduire pour espé­rer bras­ser aus­si large que pos­sible à droite et ne frois­ser per­sonne. Reste à savoir si cette stra­té­gie sera suf­fi­sante pour la dis­tin­guer des autres can­di­dats. Inter­ro­gée sur la pos­si­bi­li­té qu’Éric Zem­mour ne puisse pas se pré­sen­ter faute de par­rai­nages suf­fi­sants, elle se veut conci­liante. Evo­quant Vol­taire, elle affir­ma qu’« il faut se battre pour que tous ceux qui ne pensent pas comme nous puissent le dire ». La suite de la cam­pagne mon­tre­ra si elle est capable de se dis­tin­guer sur ses idées qu’elle peine pour l’instant à expo­ser, tant la crise sani­taire obère le débat public. Les enjeux sani­taires ou sécu­ri­taire ne suf­fi­ront pas à faire entendre une dif­fé­rence : il fau­dra par­ler d’autre chose : éco­no­mie, impôts, pou­voir d’achat. Il lui reste un peu moins de 100 jours pour redy­na­mi­ser sa cam­pagne, conso­li­der son élec­to­rat et creu­ser l’écart de manière déci­sive à droite.