Le ralliement de Guillaume Peltier au candidat Éric Zemmour fait grand bruit. L’ancien vice-président des Républicains et député du Loir-et-Cher, nommé aussitôt porte-parole du parti Reconquête, n’en est pas à son premier revirement. Ce qui interroge sur sa fiabilité et sa loyauté.

« J’ai pris la déci­sion de sou­te­nir le seul can­di­dat de la droite, le seul can­di­dat du RPR, je rejoins Éric Zem­mour ! » Cette décla­ra­tion de Guillaume Pel­tier aux jour­na­listes du Grand Ren­dez-Vous d’Eu­rope 1, en par­te­na­riat avec CNews et Les Echos, pro­vo­qua son expul­sion qua­si-immé­diate des Répu­bli­cains dont il était membre depuis 2008. Invi­tée sur France info hier matin, Valé­rie Pécresse qua­li­fiait son départ de « non-évé­ne­ment ». Démis de ses fonc­tions de vice-pré­sident début décembre 2021, à cause de sa trop grande proxi­mi­té avec les idées du can­di­dat de Recon­quête, son départ n’était pas vrai­ment une sur­prise. « Il [Guillaume Pel­tier NDLR] vou­lait faire un coup de com’, et se décla­rer en début d’année », com­men­tait Valé­rie Pécresse ce matin. Son expul­sion était déjà actée depuis quelques semaines. « Il s’était ter­ri­ble­ment iso­lé, il avait suc­ces­si­ve­ment chan­gé de che­val, per­sonne n’avait confiance. » Le mes­sage est clair, et n’est d’ailleurs pas dénué de sens. La pri­maire des Répu­bli­cains l’a bien mon­tré : Guillaume Pel­tier n’a pas été le can­di­dat de la loyau­té, loin de là.

Velléitaire

Plus que les convic­tions, les chances de gagner paraissent avoir davan­tage moti­vé les choix poli­tiques de Guillaume Pel­tier. En juin, il se mit à sou­te­nir acti­ve­ment Xavier Ber­trand, alors que le baron nor­diste n’é­tait pas membre des LR et refu­sait obs­ti­né­ment de les réin­té­grer. Ce choix valut à Guillaume Pel­tier d’être déchu son poste de vice-pré­sident par Chris­tian Jacob. En novembre, il se ral­lia à Éric Ciot­ti, baron sudiste. Cette tra­hi­son ne lui ser­vit à rien. Ses vel­léi­tés reflètent son oppor­tu­nisme. Aujourd’­hui, l’ex-FN affirme par­tage entiè­re­ment les valeurs défen­dues par Éric Zem­mour depuis novembre.

Mauvais accueil

Le départ de Guillaume Pel­tier est accueilli de manière contras­tée. Le dépu­té de l’Yonne, Guillaume Lar­ri­vée, s’en réjouit dans un tweet laco­nique pos­té hier, « Son retour dans les arrière-bou­tiques de l’extrême-droite est une excel­lente nou­velle. Bon débar­ras ! ». Quant à Éric Ciot­ti, il ne put que consta­ter que « Guillaume a beau­coup chan­gé dans sa car­rière poli­tique, […] il revient tou­jours au point de départ. Il était au Ras­sem­ble­ment natio­nal, il y revient pro­gres­si­ve­ment. » Pel­tier pas­sa l’ensemble de sa car­rière à la droite de l’échiquier poli­tique. Il mili­tait au Front natio­nal dans sa jeu­nesse, du temps où Jean-Marie le Pen était pré­sident. Il ral­lia Bru­no Mégret en 1988, lorsqu’il fon­da le Mou­ve­ment natio­nal répu­bli­cain. Il rejoi­gnit ensuite Phi­lippe de Vil­liers au Mou­ve­ment natio­nal répu­bli­cain, avant d’adhérer aux Répu­bli­cains en 2008. Autant dire qu’il a du mal à res­ter fidèle à une même famille poli­tique, ce qui laisse d’ailleurs son­geur sur sa fidé­li­té à long terme à l’é­gard d’É­ric Zemmour.

Un choix risqué

Guillaume Pel­tier prend un risque en se ral­liant à Éric Zem­mour. Une chose est cer­taine, s’il échoue avec lui, Les Répu­bli­cains ne lui ouvri­ront plus leurs portes. Il est pro­bable que le RN en fasse autant. « Là où Guillaume Pel­tier passe, les cam­pagnes tré­passent », assé­nait hier soir Marine le Pen au micro de BFMTV. Elle a affir­mé d’ailleurs qu’il aurait « tapé à sa porte » hier, qu’elle a tenue fer­mée. Les semaines à venir mon­tre­ront si Guillaume Pel­tier par­vient à deve­nir un pilier de Reconquête.