Invitée sur le plateau de « Mission convaincre » sur LCI, Marine le Pen a présenté plusieurs points majeurs son programme économique, avec un objectif précis : montrer qu’il concerne les Français. Est-il pour autant réaliste ?

« Rendre le pouvoir d’achat aux Français »

C’est son refrain depuis le début de la cam­pagne. Marine le Pen l’a d’ailleurs bien com­pris, c’est le pou­voir d’a­chat qui pré­oc­cupe le plus les Fran­çais. Inter­ro­gée en détails par les deux pré­sen­ta­teurs et la dizaine « d’abstentionnistes » sol­li­ci­tés par LCI, Marine le Pen a fus­ti­gé le bilan éco­no­mique d’Em­ma­nuel Macron, accu­sé d’a­voir « appau­vri les Fran­çais les plus dému­nis. » La can­di­date du RN pro­pose de geler les prix de l’essence et du gaz, de rame­ner la TVA de 20% à 5,5% sur le car­bu­rant, l’élec­tri­ci­té et le fioul. Cette mesure répond direc­te­ment aux gilets jaunes. Elle prend le contre­pied de la poli­tique d’Em­ma­nuel Macron, « qui en 2018 avait pro­mis de ne pas aug­men­ter les prix de l’es­sence, et qui l’a pour­tant fait ». Mais la can­di­date RN a vou­lu aus­si s’a­dres­ser aux jeunes avec deux mesures phares : l’exo­né­ra­tion de l’im­pôt sur le reve­nu pour les contri­buables de moins de 30 ans. « Je veux aider les jeunes à vivre décem­ment au début de leurs pre­mières années de vie pro­fes­sion­nelle. » Cette mesure ne s’ap­pli­que­rait qu’à par­tir de 23 ou 24 ans, l’âge auquel la plu­part des jeunes finissent leurs études.

« Plus on a travaillé tôt, plus le travail était dur, plus on doit partir tôt »

Les retraites sont l’autre volet phare de son pro­gramme, et elle ne craint pas de reven­di­quer son conser­va­tisme sur le sujet. « Les Fran­çais qui tra­vaille­ront avant 24 ans par­ti­ront à 60 ans à la retraite. » Marine Le Pen est fière de cette mesure. Contrai­re­ment aux autres can­di­dats de droite, elle ne veut pas for­cer les Fran­çais qui ont com­men­cé à tra­vailler jeune, « dans des métiers manuels, sou­vent dif­fi­ciles » à tra­vailler au-delà de 60 ans. « C’est une injus­tice », pour­suit-elle. Inter­ro­gée sur le finan­ce­ment de toutes ces mesures géné­reuses, la can­di­date exclut d’aug­men­ter les impôts, et pré­co­nise de lut­ter contre le gas­pillage d’argent public.

Plus de dépenses, mais sans dette supplémentaire

« La dette n’augmentera pas durant mon man­dat », a juré Marine Le Pen. Tou­te­fois, les pré­sen­ta­teurs n’ont pas man­qué de mettre la can­di­date devant ses contra­dic­tions : ses recettes (37 mil­liards) sont lar­ge­ment infé­rieures à ses dépenses (73 mil­liards). Hor­mis la lutte contre les fraudes, qui pour­rait rap­por­ter 10 mil­liards, on trouve peu d’économies dans son pro­gramme, hor­mis sur les sub­ven­tions à l’éolien et la sup­pres­sion allo­ca­tive aux étran­gers. Elle ne pro­pose rien sur la fonc­tion publique, qu’elle se fait une fier­té de défendre face aux autres can­di­dats de droite, les­quels s’en donnent à cœur joie pour la cri­ti­quer sur ce point. De même pour la dette de la Sécu­ri­té sociale. Les rap­ports alar­mants de la Cour des comptes ne semblent pas être enten­dus par la can­di­date. Marine Le Pen choi­sit de dire à son élec­to­rat qu’il n’aura pas à faire d’efforts pour rem­bour­ser la dette.