Mercredi 16 février, Marine Le Pen était l’invitée de « Mission convaincre » sur LCI, rendez-vous animé par Ruth Elkrief et David Pujadas. La candidate chercha à se démarquer une bonne fois pour toute de ses concurrents du camp national.
Non, Marine Le Pen n’est pas Eric Zemmour ! A quelque 55 jours du scrutins, certains de ses électeurs pensent le contraire, comme Antonin. Pour ce Niçois, Zemmour a le même programme que sa candidate « à 90 % ». Cette proximité incita le maire de Malaussène, joli village des Alpes-Maritimes, à lâcher Marine Le Pen pour parrainer Zemmour. Parce que « la population ne la suit pas », dit-il, et que « Marine Le Pen a manqué le coup ». L’intéressée répond qu’il se trompe. Car elle est bien « en situation de gagner ». Quant à Betty, jeune retraitée et ancien Gilet Jaune, elle implore Marine Le Pen de se rallier à Eric Zemmour, « pour qu’on puisse gagner » et « sortir de cet enfer ». La candidate rétorque : « tous ceux qui croient en la France doivent se rassembler, au 1er tour on choisit, au 2nd tour on écarte », et « tous ceux qui croient en la France doivent se réunir dans un gouvernement d’union nationale. » Avant de prédire, optimiste : « tout le monde se retrouvera pour que les 5 prochaines années soient sans Emmanuel Macron ». Mais Betty, pas totalement convaincue, avoue ne pas savoir à qui donner son bulletin, d ‘Eric Zemmour ou de Marine Le Pen.
Le RN et Reconquête : le loup et l’agneau
Si Marine Le Pen déplore les récents départs en cascade vers le parti d’Eric Zemmour, la candidate du RN les justifie. Nicolas Bay « ne peut plus rester à mon côté », déclare-t-elle. Refusant la déloyauté, elle préfère licencier « ces gens » plutôt que de les laisser « saboter la campagne de l’intérieur ». Pour elle, « c’est impardonnable ». Finalement, elle écarte de son mouvement ceux qui le discréditent et le dénaturent. Cela doit-il entraîner une remise en question ? Marine Le Pen s’emporte : certes non, cela serait irrationnel, « ces gens partent parce qu’ils ne veulent pas gagner », « moi je veux gagner cette élection présidentielle », clame-t-elle.
Marine Le Pen : « Je ne vais pas m’amuser au jeu des 7 différences avec Eric Zemmour »
Qui de Marine Le Pen ou d’Eric Zemmour représente le mieux le camp national ? La candidate du RN se considère la plus apte. Son concurrent de Reconquête défend l’immigration zéro. Sur ce point, elle demeure ambiguë : « 50 ans que nous alertons les Français sur le danger de l’immigration », rétorque-t-elle, en invoquant le courage dont son parti a fait preuve « depuis 20 ans ». Elle annonce ainsi avoir préparé un projet de loi très complet sur l’immigration, qu’elle soumettra par referendum. Ce projet contient, entre autres points, l’expulsion « des délinquants et des criminels étrangers » et la suppression du droit du sol, car, reprenant sans l’avouer les mots du Z, « la nationalité française doit s’hériter ou se mériter ». Concernant le regroupement familial, Marine Le Pen semble se montrer moins radicale que Zemmour : « je veux que les étudiants étrangers continuent à venir en France », mais « ils doivent repartir chez eux ensuite ». Elle annonce « une politique dissuasive d’immigration », car « on ne peut plus accueillir tout le monde ». Il y aurait deux divergences majeures avec Zemmour, selon David Pujadas : l’immigration zéro qui « n’a pas de sens » et les régularisations exceptionnelles, que Marine Le Pen dit concevoir. Et l’interrogée juge que son concurrent « n’apporte aucune plus-value à part de la brutalité ». Selon elle, la question de « la migration doit être réglée avec tranquillité ».
Eric Zemmour pourrait-il faire partie de son gouvernement si elle est élue ? Pour elle, le candidat de Reconquête ne le souhaite pas. « Je ne le mettrai pas ministre de l’Economie », ironise-t-elle. Si elle constate de nombreuses similitudes avec l’ancien journaliste, il n’y a cependant pas « une identité totale ».