Depuis l’explosion de Beyrouth à l’été 2020, le départ de centaines de milliers de chrétiens inquiète.

Ce sont près de 200000 Liba­nais, des chré­tiens pour la plu­part, qui ont fui leur pays sur les deux der­nières années. L’ex­plo­sion d’août 2020 tou­cha sur­tout les quar­tiers chré­tiens de la capi­tale et s’a­jou­ta à une réa­li­té poli­tique angois­sante et blo­quée. Ailleurs, la situa­tion est moins enviable encore. Déçus par la faillite du prin­temps arabe de 2011, les chré­tiens d’Orient virent s’éteindre leur rêve d’émancipation et de liber­té. Des sun­nites radi­caux prirent le pou­voir. Une nou­velle occa­sion s’of­frait aux mino­ri­tés chré­tiennes pour quit­ter la région.

Fragile équilibre

Au Liban, l’équilibre démo­gra­phique demeure fra­gile. Pour le moment, les chré­tiens repré­sentent encore 40% de la popu­la­tion, le pour­cen­tage le plus éle­vé du Proche-Orient. Mais celui-ci pour­rait chu­ter si l’exode deve­nait mas­sif et conti­nu. Sur un plan social et cultu­rel, le chris­tia­nisme s’af­firme comme le der­nier bas­tion contre la régres­sion, le der­nier espoir de la moder­ni­té et de la liber­té. D’où l’importance de pré­ser­ver la mixi­té sociale et reli­gieuse. Le pape Jean-Paul II disait d’ailleurs que l’interaction paci­fique entre le meilleur de l’islam et le meilleur du chris­tia­nisme était essen­tiel et néces­saire pour le vivre-ensemble dans ces pays-là. Il n’est pas sûr qu’il ait été entendu.