Vendredi 3 juin, à la cathédrale anglicane Saint-Paul de Londres, un office religieux rendit hommage à la reine Elizabeth II pour ses 70 ans de règne.
Ce fut une cérémonie religieuse très solennelle, en présence d’une quarantaine de membres de la famille royale ainsi que des anciens Premiers ministres Theresa May, David Cameron, Gordon Brown et Tony Blair. Certes, la reine était absente. A 96 ans, la souveraine souffrait d’« inconfort » au soir du deuxième jour des célébrations officielles de son jubilé de platine. Le prince Charles, héritier de la Couronne, était à la place d’honneur, avec son épouse Camilla à ses côtés. William et Kate étaient aussi au rendez-vous, sans leurs trois enfants cette fois-ci. Harry et Meghan, arrivés du Canada mercredi, durent se contenter du second rang dans la nef, au même titre que leurs cousins. Quant au propre fils de la reine, le prince Andrew, testé positif au coronavirus et pris dans le scandale de l’affaire Epstein, les media britanniques préférèrent ne pas trop commenter son absence.
Silencieuse mais pas muette
Le célébrant n’était autre que l’archevêque de York, le Révérendissime (The Most Reverend) Stephen Cotrell, deuxième dans le rang protocolaire après l’archevêque de Canterbury. Dans son homélie, le religieux salua en Elizabeth II, chef de l’Eglise d’Angleterre, l’exemple « d’une loyauté fidèle et d’une inébranlable cohérence ; d’une fidélité à Dieu, d’une obéissance à la vocation qui est le socle de sa vie ». Au service de son peuple, la souveraine sut s’adapter aux nombreux changements de société, en continuant d’incarner l’institution. La reine n’est pas souveraine de droit divin, mais par l’accident de la naissance. Elle est choisie par Dieu pour régner sur la Grande-Bretagne et le Commonwealth. L’archevêque de Canterbury loua cette vocation, vécue très fidèlement. Un paradoxe, pourrait-on dire, puisqu’elle brilla surtout par son silence durant 70 ans. Mais un silence qui parle propre au statut de la monarchie britannique, laquelle commande de régner et non gouverner, d’être un guide moral et spirituel, d’assurer la continuité, et de se situer au-dessus des controverses politiques. Un rôle pleinement accompli, auquel l’archevêque fit référence via le vocabulaire de l’équitation, loisir préféré du monarque : « Votre Majesté, nous regrettons que vous ne soyez pas physiquement parmi nous ce matin, mais sommes si heureux que vous soyez toujours en selle (in the saddle). Et nous sommes tous ravis qu’il y ait encore plus à venir. »
Une foi mise à l’épreuve
La foi d’Elizabeth II fut l’autre élément central du sermon : « Je n’ai pas honte de dire que je me repose sur Jésus Christ, que j’essaie de vivre près de son cœur. […] Et vous me pardonnerez une telle présomption, c’est ce que vois aussi dans Sa Majesté la Reine », souligna l’archevêque d’York. Une foi que la reine ne cache jamais et qu’elle manifeste en particulier au moment de Noël, profitant de son message annuel pour tirer une leçon morale de la naissance de Jésus. Sa foi, la reine ne la vivait pas seulement en paroles mais aussi en actes. Le révérend Stephen Cotrell conclut sur ces mots : « Ce que je vois dans Sa Majesté la Reine, c’est quelqu’un qui a été capable de servir fidèlement notre nation, grâce à sa foi en Jésus-Christ. » De fait, il lui fallut beaucoup d’abnégation pour servir l’Angleterre pendant si longtemps, en particulier pour surmonter le déclin et les épreuves, de la fin de l’empire britannique à la mort de Lady Di et jusqu’aux turpitudes de ses fils.