Tes potes footix s’imaginent que le meilleur défenseur de Ligue 1, c’est Marquinhos, Sergio Ramos ou Axel Disaci ? Faux. Le plus talentueux, c’est Anthony Rouault. Et voici pourquoi. 

Les centres de for­ma­tions sont habi­tués à recueillir des jeunes de quar­tiers dits “popu­laires”. Mais, loin du Racaille Foot­ball Club écrit par Daniel Rio­lo, Antho­ny Rouault gran­dit à Saint-Colomb-de-Lau­zun, vil­lage de moins de 500 habi­tants du Lot-et-Garonne et ça s’entend. Son carac­tère jovial et son accent chan­tant font déjà de lui une per­son­na­li­té aty­pique du foot­ball. C’est au côté de son père, édu­ca­teur au club de Saint-Colomb, que le jeune natif de Vil­le­neuve-sur-Lot fait ses pre­miers pas sur le rec­tangle vert. Le talent d’Anthony ne tarde pas à atti­rer les meilleurs équipes de la région, et à 14 ans, le gamin du Sud-Ouest part faire ses pre­mières armes à Mar­mande. Une étape avant la consé­cra­tion, le centre de for­ma­tion du TFC (Tou­louse) qu’il intègre à 17 ans. Mais, comme tous les gars de la cam­pagne plon­gés dans un monde urbain, Antho­ny se sent seul, son père lui-même, dans un repor­tage réa­li­sé par la chaîne Ulysse, avoue qu’au bout d’un mois son fils veut tout arrê­ter et ren­trer. Son pré­pa­ra­teur men­tal Jean-Phi­lippe Del­pech explique que le jeune pou­lain vient se confier et parle d’arbres frui­tiers, de son vil­lage, de ses potes, de ses racines qui lui sont indis­pen­sables et qu’il a besoin de régu­liè­re­ment retrou­ver. Vous l’aurez com­pris, Antho­ny est quelqu’un d’authentique : sa per­son­na­li­té et son iden­ti­té rurale font de lui un des joueurs les plus aty­piques du cham­pion­nat et appré­ciés du public Haut-Garonnais.

Des débuts remarqués

C’est après ses 18 ans que les choses s’accélèrent pour le jeune et pro­met­teur défen­seur. Il signe son pre­mier contrat pro en 2019 et joue son pre­mier match en Jan­vier 2020 face à Ajac­cio. Une per­for­mance abou­tie qui lui garan­tit une demi-sai­son com­plète avec pas moins de 18 matchs à son actif. Antho impres­sionne, il est propre, bon dans sa relance et reste debout en toutes cir­cons­tances tou­jours prêt à inter­ve­nir sur l’attaquant. L’immense star du foot­ball, Pao­lo Mal­di­ni avait décla­ré un jour : « Si je suis obli­gé de tacler, c’est que j’ai com­mis une erreur. » Vous consta­te­rez qu’Anthony ne fait jamais d’erreur. Son aisance et sa matu­ri­té le pro­pulsent titu­laire au sein de la char­nière du TEF lors de la sai­son 2021–2022. C’est la consé­cra­tion : il marque son pre­mier but et ins­crit son pre­mier dou­blé sous les cou­leurs vio­lettes, face à Valen­ciennes. Il joue un rôle dans la conquête du titre, est même cité dans le 11 type de Ligue 2 à seule­ment 20 ans. Des rumeurs l’annoncent pour la Bun­des­li­ga mais, le petit, déjà grand par le talent, reste dans sa région natale pour jouer ses pre­miers matchs en ligue 1. 

Auteur d’un très bon début de sai­son, Antho­ny est le joueur à suivre. Ven­dre­di à Lyon, il ne fit qu’une bou­chée de l’attaquant Mous­sa Dem­bé­lé. Il déclare en 2020 dans La Dépêche : « Moi je me voyais faire un métier nor­mal, comme tout le monde et faire du foot à Saint-Colomb le week-end pour le plai­sir », mais Antho­ny n’est pas un gars comme tout le monde, et sa marge de pro­gres­sion nous laisse à pen­ser qu’il a tout d’un très grand joueur. Titu­laire lors des 10 pre­miers matchs du TFC en Ligue 1, il est le troi­sième joueur à gagner le plus de duel dans le cham­pion­nat. Les atta­quants n’ont qu’à bien se tenir. Si Hal­land est actuel­le­ment le meilleur avant-centre du monde, c’est parce qu’il n’a encore jamais joué face à Rouault. Qui vien­dra déni­cher la pépite occi­tane lors du pro­chain mercato ?