La grippe aviaire sévit une nouvelle fois en France. Les autorités ne parviennent pas à contrôler une maladie dont le bilan est plus lourd à chaque nouvel épisode.

À peine le ministre de l’Agriculture Marc Fes­neau décide-t-il, en juin 2022, d’abaisser le niveau de risque à négli­geable, que les éle­veurs retrouvent l’angoisse de la conta­mi­na­tion. Alors qu’en 2021 le pre­mier foyer de conta­mi­na­tion en éle­vage avait été annon­cé le 27 novembre, on en compte cette année au moins 20 à la date du 10 octobre. Plus de 300 000 volailles ont été abat­tues dans les éle­vages fran­çais depuis le 1er août. Selon le site du minis­tère de l’Agriculture, « la situa­tion est excep­tion­nelle (encore jamais ren­con­trée en France) de par son ampleur et la période où les détec­tions ont cours ».  Le retour du virus suit de près une sai­son épi­dé­mique 2021–2022 catas­tro­phique : le nombre de cas n’avait jamais été aus­si éle­vé en Europe. Plus de la moi­tié des foyers de conta­mi­na­tion se trou­vait en France. Depuis 2006, date de la pre­mière appa­ri­tion de ce virus grip­pal de type A en France, la grippe aviaire fait peser une menace tou­jours plus grande sur les éle­veurs fran­çais. La mala­die, très conta­gieuse, pro­voque des taux de mor­ta­li­té impor­tants chez les oiseaux domestiques.

Confiner les élevages pour combattre la grippe aviaire

La stra­té­gie de lutte pré­co­ni­sée par le minis­tère de l’Agriculture consiste à confi­ner les éle­vages dans les zones à risque afin d’éviter la conta­mi­na­tion par la faune sau­vage. Si un éle­vage est conta­mi­né, il doit être eutha­na­sié et une zone de pro­tec­tion est mise en place aux alen­tours. Ces mesures n’ont pas empê­ché l’abattage de plus de 20 mil­lions d’animaux pen­dant la crise de 2021–2022. Selon Jean-Luc Gué­rin, pro­fes­seur de l’école vété­ri­naire de Tou­louse inter­ro­gé sur France Culture, les ani­maux sau­vages dis­persent le virus mais les éle­vages inten­sifs favo­risent la pro­li­fé­ra­tion du virus et ses muta­tions. Les nom­breux trans­ports d’animaux et de per­son­nels sont aus­si res­pon­sables des conta­mi­na­tions rapides, comme le sou­lignent la Confé­dé­ra­tion pay­sanne et le Modef (Mou­ve­ment de défense des exploi­tants fami­liaux) dans un com­mu­ni­qué com­mun. Selon eux, les mesures ne s’attaquent pas aux prin­ci­pales causes de dif­fu­sion du virus et « inter­dire le plein air est la seule solu­tion trou­vée par le minis­tère de l’A­gri­cul­ture pour faire croire qu’il essaie d’en­di­guer une épi­dé­mie d’in­fluen­za aviaire deve­nue incon­trô­lable ». Ces « règle­men­ta­tions absurdes » leur font craindre la dis­pa­ri­tion du métier d’éleveurs en plein air.

La grippe aviaire pourrait devenir dangereuse pour les hommes

Les pre­mières vic­times de ces épi­dé­mies sont les éle­veurs. Si l’on ajoute au virus la séche­resse, les cani­cules esti­vales, la hausse du prix de l’alimentation des volailles et la crise éner­gé­tique, leur ave­nir est gra­ve­ment com­pro­mis. Mais nous sommes tous des poten­tielles vic­times de ce virus, selon l’Institut Pas­teur. Une des formes du virus est patho­gène pour l’homme. Si pour l’instant la trans­mis­sion ne se fait que de l’animal à l’homme, l’apparition d’un virus grip­pal trans­mis­sible d’homme à homme est à craindre. Ce virus incon­nu échap­pe­rait à notre sys­tème immu­ni­taire et pour­rait déclen­cher une pan­dé­mie. Les auto­ri­tés sani­taires fran­çaises et mon­diales se pré­parent à faire face à une telle éventualité.