Mis en examen pour violences aggravées, le père de famille, qui encourt une peine de cinq à dix ans de prison, a avoué sur BFM le mardi 25 octobre ne rien regretter, « en aucun cas ». Il ajoute que « n’importe quelle personne aurait fait la même chose ».

La jus­tice doit répondre à cette attaque qui remet en cause son uti­li­té même : répa­rer les torts cau­sés aux vic­times et à la socié­té. La ven­geance pri­vée, autre­fois appe­lé fai­da, était de tra­di­tion lorsqu’aucune ins­tance ne réglaient les conflits entre par­ti­cu­liers. La vic­time ren­dait donc jus­tice en s’attaquant au cou­pable, sou­vent réduit à être esclave. Cepen­dant cette pra­tique archaïque a dis­pa­ru depuis long­temps et est aujourd’hui répri­mée par la loi, dès lors qu’il ne s’agit pas de légi­time défense.

Le pro­cu­reur à l’origine des pour­suites contre le père déclare ne pas accep­ter « qu’on se fasse jus­tice soi-même, que cela devienne une ven­geance personnelle ».

 Roanne : le cas du père, un cas défendable ?

L’avocat du père de famille en cause, Me Jean Fran­çois Canis, inter­ve­nait sur RMC dans Apol­line Matin ce mer­cre­di 26 octobre. Il tente d’expliquer la réac­tion de son client qui « tou­ché au plus pro­fond de soi-même » ne pou­vait être rai­son­né ou rai­son­nable au moment où le jeune gar­çon retourne sur les lieux du crime. Il ajoute qu’il s’agit de la réac­tion d’un homme « bles­sé, inquiet » qui dans l’urgence a réagi de manière disproportionnée.

L’avocat défend son client en rap­pe­lant que le père de famille avait por­té plainte au com­mis­sa­riat, « de façon nor­male et citoyenne », après l’agression de sa fille. Il ajoute que n’ayant consta­té « qu’aucune patrouille ne rôdait dans le quar­tier », il avait pris la déci­sion de mon­ter lui-même la garde. C’est ce qui a donc per­mis la ren­contre for­tuite entre le père de la vic­time et l’agresseur, un face à face dont se sou­vien­dra l’agresseur. Inter­ro­gé par RMC le mar­di 25 octobre, le père de famille, mis en exa­men, qui affirme que « n’importe quelle per­sonne aurait fait la même chose », déclare ne « regret­ter en aucun cas ».

Sur les réseaux sociaux, les réac­tions sont légion. Elles vont à cou­rant et à contre-cou­rant. Beau­coup invoque la défaillance de la jus­tice qui pousse à se faire jus­tice soi-même ou encore avouent qu’ils auraient réagi de manière simi­laire. D’autres fus­tigent la vio­lence qui ne peut être accep­tée, au risque de rendre légi­time la jus­tice personnelle.

Les deux se valent, mais s’agit-il uni­que­ment de ven­geance pri­vée ou de vio­lence gratuite ?

Lorsqu’un père, tou­ché au plus pro­fond de lui-même, inquiet, défend, certes très vio­lem­ment, l’honneur de sa fille et de lui-même, atteint dans son cœur de père mais aus­si d’homme, est-il plei­ne­ment cou­pable ?