Avec 50,90% des voix, Luiz Inacio Lula da Silva l’a emporté de peu dimanche face au président sortant Jaïr Messias Bolsonaro (49,10%). Avec un Congrès à droite, des militants bolsonaristes réfutant les résultats et une opinion publique polarisée, sa marge de manœuvre apparaît assez étroite voire maigre.

Une « résur­rec­tion ». C’est ain­si que Lula, le « nou­veau » ancien pré­sident élu du Bré­sil, qua­li­fie sa vic­toire. La pri­son pour cor­rup­tion et blan­chi­ment d’argent sont un loin­tain sou­ve­nir, main­te­nant que les portes du palais du Pla­nal­to s’ouvrent de nou­veau sous ses pas. Mais son retour n’est pas triom­phal et sa vic­toire n’est qu’« en demi-teinte ». Il devance son concur­rent que de 1,7% seule­ment. La droite bol­so­na­riste domine le Congrès fédé­ral et dis­pose de puis­sants relais sur tout le ter­ri­toire. Elle est main­te­nant bien rodé à l’exer­cice de fonc­tions électives.

Lula devra s’armer de patience

L’ex-syndicaliste se trouve dans une posi­tion incon­for­table. Les ter­ri­toires les plus riches dont Rio de Janei­ro et Sao Pau­lo sont diri­gés par des bol­so­na­ristes. Sur les 27 États bré­si­liens, on compte 14 gou­ver­neurs conser­va­teur. Au moins 11 États ont un séna­teur bol­so­na­riste, en par­ti­cu­lier dans les régions Norte, Cen­tro-Oeste et Sul. Les deux der­nières abri­tant un tiers de la popu­la­tion et pro­duisent la plus grande part du PIB. À Brasí­lia, la droite dis­pose de 187 dépu­tés dont 99 pour le seul Par­ti libé­ral de Bol­so­na­ro, deve­nu la pre­mière force de la chambre. La gauche toute entière n’a que de 108 sièges. Lula devra négo­cier avec les cen­tristes, ni pro-PT, ni pro-Bolsonaro.

S’allier avec le Centrão ?

Face au risque d’ins­ta­bi­li­té et de blo­cage, Lula aura besoin de sou­tiens. Des alliances avec les cen­tristes (Cen­trão) sont pro­bables. Leur idéo­lo­gie n’est point mar­quée. Ce sera selon les postes que le nou­vel exé­cu­tif de gauche pour­ra leur offrir. Si cer­tains d’entre eux comme Geral­do Alck­min, nou­veau vice-pré­sident du Bré­sil et ex-gou­ver­neur de Sao Pau­lo, n’a­vaient pas hési­ter à sou­te­nir Lula dès le début de sa cam­pagne, beau­coup d’autres res­tent à convaincre. Et il n’est pas sûr que les seuls mots suffisent.