A seulement 27 ans, Jordan Bardella vient d’être largement élu nouveau président du Rassemblement National, avec 85% des voix, devenant le premier à occuper ce poste sans porter le nom de Le Pen. Portrait d’un homme politique venu de la France d’en-bas.

Un « sur­doué des pla­teaux », « une bête », « une fusée ». Pour décrire le jeune euro­dé­pu­té, les qua­li­fi­ca­tifs sont una­nimes : Bar­del­la est bon. Son par­ler est fluide, il est clair, trouve les mots justes, il ne fait pas d’erreurs. Il ne s’énerve pas mais il agace ses adver­saires, il est inci­sif sans être agres­sif, il est le RN dédia­bo­li­sé. Le fils qu’aurait vou­lu avoir Marine Le Pen. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, cos­tume sobre et che­veux tou­jours pei­gnés, fos­settes dis­crètes, Bar­del­la ras­sure. Peu connu avant la cam­pagne de 2022, il a été la bouche de sa can­di­date, et on aurait presque vou­lu le voir face à Emma­nuel Macron pour le débat d’entre-deux tours. Une pers­pec­tive pas si absurde ?

Des origines populaires qui vont bien

Jor­dan est né dans le neuf-trois, et c’est bien utile. Petit-fils d’immigré kabyle, il a gran­di dans un HLM de Dran­cy avec ses parents d’origine ita­lienne, sans frères et sœurs. Il incarne exac­te­ment cette France péri­phé­rique ana­ly­sée par Jérôme Four­quet, dont le titre d’un livre paru en 2015 lui fait écho : Karim vote à gauche et son voi­sin vote FN. Son pré­nom illustre cette jeu­nesse pro­lo qui a rejoint son par­ti, où les nou­veaux cadres se nomment Jor­dan, Steve, Franck ou encore Kévin. Comme beau­coup au RN, Bar­del­la n’a pas fait Sciences-Po ou l’ENA mais seule­ment une licence de géo­gra­phie. Pour­tant, il est redou­té en débat, doté d’un talent recon­nu par tout le monde.

Un enfant précoce

Un temps mili­tant à l’UNI, il prend sa carte au FN à 16 ans, en 2012. Ensuite, il gra­vit les éche­lons rapi­de­ment  : secré­taire dépar­te­men­tal du par­ti en Seine-Saint-Denis en 2014, can­di­dat aux dépar­te­men­tales en 2015, porte-parole du Front Natio­nal en 2017 puis vice-pré­sident en 2019. Depuis le début, Jor­dan Bar­del­la plaît beau­coup en interne, et a l’avantage d’être dans les petits papiers de Marine Le Pen, qu’il adule expli­ci­te­ment. Il est à la fois com­pris par l’électorat popu­laire et appré­cié pour sa com­pé­tence. Conseiller régio­nal d’Île-de-France depuis 2015, ses expé­riences élec­to­rales sont déjà nom­breuses : il a mené le RN au suc­cès qu’on lui sait aux euro­péennes de 2019, et a par­ti­ci­pé pour beau­coup à la qua­li­fi­ca­tion de MLP au second tour de la pré­si­den­tielle. Mal­gré sa jeu­nesse, on se demande même s’il ne pour­rait pas détrô­ner son pré­dé­ces­seur pour bri­guer l’E­ly­sée en 2027.