Les candidats à la présidence des Républicains ont débattu lundi soir, durant une heure et demie. Trois concurrents, autant de performances.

Inter­ro­gés sur LCI par Adrien Gindre et Ruth Elkrief, ils ont tous sor­ti des élé­ments de lan­gage, comme une pièce de théâtre trop répé­tée pour qu’elle semble authen­tique. A quelques nuances près cependant.

Eric Ciotti, le nouveau ténor venu du sud

Le dépu­té des Alpes-Mari­times a bien endos­sé son cos­tume de favo­ri dans cette course à la pré­si­dence, lui qui avait béné­fi­cié du sta­tut d’outsider lors de la pri­maire de jan­vier pour la pré­si­den­tielle. Il est appa­ru rela­ti­ve­ment natu­rel, et même plu­tôt ras­su­rant mal­gré le fait qu’il soit décrit comme plus à droite que ces deux col­lègues. Tout en mai­trise pen­dant le débat, il a même fait quelques injonc­tions polies à Bru­no Retailleau, osées vu la pla­ci­di­té sopo­ri­fique des échanges ce soir-là.

Bruno Retailleau avait mal commencé

Le séna­teur de Ven­dée, don­né der­rière son cama­rade niçois, a com­men­cé ce débat sans beau­coup d’énergie. D’un ton peu convain­cant, il a d’abord expli­qué sa ligne pour le par­ti, puis a argu­men­té sur quelques sujets, sor­tant des chiffres qui témoi­gnaient un peu trop d’une impor­tante pré­pa­ra­tion de ce débat. Mais il a fini par se réveiller, à l’occasion d’une ques­tion sur l’immigration, aban­don­nant son sou­rire ner­veux. Ensuite, il s’est peu à peu libé­ré, allant même jusqu’à prendre un ton bla­gueur en rap­pe­lant à Éric Ciot­ti les ori­gines ven­déennes de Clé­men­ceau. Mal­gré un petit moment de fai­blesse sur la défen­sive, lorsqu’il s’est vu repro­cher son vote d’une loi pro-éolienne au Sénat, il a su se dis­tin­guer tout en se vou­lant ras­sem­bleur. Son inter­ven­tion visi­ble­ment impro­vi­sée sur les bar­rages hydrau­liques prend clai­re­ment de court Auré­lien Pra­dié qui vou­lait sur­prendre l’au­di­toire sur ce sujet.

Aurélien Pradié, le poulain intrépide

A 36 ans, le dépu­té du Lot ne s’est pas lais­sé démon­ter face à des adver­saires bien plus âgés. Il a usé de son accent rural et de son par­cours d’élu local pour se poser en alter­na­tive à deux poids lourds de la droite « des col­loques et des livres ». Avec des bra­ce­lets colo­rés à la main, et un nœud de cra­vate un brin mal ajus­té, il a pour­tant pâti de sa maigre expé­rience en se mon­trant assez magis­tral et moins natu­rel dans ses pro­pos. De son « celles et ceux » enten­dus deux fois à une pro­po­si­tion un peu irréelle sur l’uniforme à l’université, quelques détails ont rap­pe­lé sa jeu­nesse. A l’exception tou­te­fois d’un sto­ry­tel­ling sur son « jeune frère bou­lan­ger » (à lire avec l’accent) plu­tôt réus­si, qui lui a per­mis de défendre son refus d’augmenter l’âge de départ à la retraite, un petit exploit dans un débat 100% LR.