La Coupe d’Europe de rugby à XV devra bientôt changer de nom. Pour la saison 2022–2023, les clubs sud-africains ont fait leur entrée et imposent leur rythme.
Trois clubs pour trois places en phases finales. Dimanche 22 janvier s’est achevée la quatrième journée de la Coupe d’Europe de rugby, décisive pour départager les seize clubs qui s’affronteront lors des huitièmes de finale. Pour les trois franchises sud-africaines intégrées en juin, le contrat est rempli : les Stormers du Cap, les Bulls de Pretoria et les Sharks de Durban joueront pour une place en quarts-de-finale.
Intégrer les franchises sud-africaines aux compétitions européennes n’a pas du goût de nombre de cadres du rugby. A la rentrée 2021, cinq franchises d’Afrique du Sud avaient fait leurs grands débuts au sein de l’United rugby championship (URC), le Pro14 d’alors, constitué des sélections de provinces galloises, écossaises, irlandaises et italiennes. La raison principale de ce changement : produire un Super rugby réunissant les meilleures équipes d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Argentine, du Japon et d’Afrique du Sud, tourner la page de l’épidémie de Covid et des stades délaissés par les supporters.
Les outsider répondent présents
En bref, les Sud-Af’ émigrent vers le nord en quête de nouveaux défis. Et ces derniers savent y répondre : dès leur entrée en lice en URC, les Stormers ont ravi le trophée aux Irlandais du Leinster notamment, grands habitués de ce titre. Opposés aux Bulls en finale, la porte de la coupe d’Europe leur était logiquement ouverte. Après plusieurs mois de débat, l’EPCR avait tranché. La compétition a démarré en décembre, et les résultats sud-africains sont plus que bons. Habitués aux grands déplacements dans le cadre du super rugby, réglés sur les mêmes fuseaux horaires que les européens, les Bulls, les Stormers et les Sharks valident leur ticket pour les huitièmes.
Ces franchises disposent d’atouts dont les clubs européens ne bénéficient pas. Leur expérience du rugby dans l’hémisphère sud, tout d’abord : mélangeant un jeu aéré, fait de passes après contact, et de rudes combats au sol. Ayant affronté de longues années les Néo-zélandais, maîtres dans l’art de “l’offload”, cette passe quasi à l’aveugle, qui maintient le ballon en jeu, les Sud-Af’ allient rudesse au contact et jeu de mains, pour être le moins possible au sol. Par ailleurs, leur expérience de champions du monde 2019, pour bon nombre des joueurs qui composent ces franchises, leur permett d’entamer les rencontres avec un ascendant moral non-négligeable.
Et ça marche. L’UBB et Clermont, pourtant grands anciens de la compétition, ont été respectivement éliminés par les Sharks et les Stormers. Deux clubs dans le doute et avec de nouveaux staffs, mais qui doivent dire adieu à la compétition. Avec les Sud-Af’ en Coupe d’Europe, les cartes sont redistribuées. On pourra néanmoins compter sur les deux cadors français du championnat, avec La Rochelle et Toulouse, pour redorer le blason d’une grande nation du rugby. Entre le championnat national, la compétition européenne, le 6 Nations et la Coupe du monde 2023, cette saison promet de belles surprises, mais des joueurs physiquement dans le dur.