Dans son allocution du 17 avril, Emmanuel Macron s’est pris à rêver d’une école à la reconquête des premières places européennes. Pap Ndiaye nourrit les mêmes ambitions, mais avec des moyens diamétralement opposés.

Sur­chauffe à l’Élysée depuis que l’exécutif a mis le dos­sier des retraites sur la table. Pour don­ner le change et apai­ser un cli­mat social plus que ten­du, Emma­nuel Macron s’exprimait lun­di 17 avril devant les Fran­çais. Aux 15 mil­lions de télé­spec­ta­teurs, le pré­sident a tenu à expo­ser les pro­chains chan­tiers du gouvernement.

Par­mi eux il y a l’école. « L’Éducation natio­nale doit renouer avec l’ambition d’être l’une des meilleures d’Europe. Dès la ren­trée, notre école va chan­ger à vue d’œil », a pro­mis Emma­nuel Macron avec aplomb. Le chef de l’E­tat a dévoi­lé une série de mesures : « Pour les ensei­gnants, qui seront mieux rému­né­rés. Pour les élèves, qui seront davan­tage accom­pa­gnés en fran­çais, en mathé­ma­tiques, pour leurs devoirs ». La ligne d’horizon est claire : il faut rele­ver le niveau des élèves en France, qui ne cesse de bais­ser depuis des années.

À la fin de l’année 2022, le minis­tère de l’Éducation natio­nale consta­tait que « 21% des élèves âgés de 15 ans » n’ont pas « un niveau suf­fi­sant de com­pé­tences en com­pré­hen­sion de l’écrit, culture mathé­ma­tique et culture scien­ti­fique ». Tan­dis que son pré­dé­ces­seur assu­rait en 2019 que « le niveau remonte ! », Pap Ndiaye s’af­fli­geait de la situa­tion inverse : « Disons-le clai­re­ment : le niveau d’ensemble baisse ». Que le niveau baisse ou qu’il reste dans « la moyenne euro­péenne », l’exécutif s’est don­né pour mis­sion de remettre à flot la barque de l’é­cole cha­hu­tée par les flots de l’ignorance.

Deux calendriers, deux projets, un seul dossier

Emma­nuel Macron sou­haite tenir les « enga­ge­ments de l’école publique » en mathé­ma­tiques et en fran­çais notam­ment. Sauf que Pap Ndiaye s’en prend au pri­vé qu’il accuse de ne pas jouer le jeu de la « mixi­té sociale ». Son but : exi­ger des éta­blis­se­ments pri­vés sous contrat de prendre davan­tage d’é­lèves bour­siers dont le taux serait aujourd’hui « infé­rieur à 10% ». Dans le même esprit, le ministre entend déve­lop­per des sec­teurs bicol­lèges, soit une fusion de deux col­lèges proches géo­gra­phi­que­ment mais aux situa­tions sociales contrastées.

Dans une tri­bune publiée en décembre der­nier inti­tu­lée « Pour­quoi nous devons réfor­mer l’école », Pap Ndiaye évo­quait son éven­tail d’ « objec­tifs ambi­tieux » des­ti­nés à refou­ler le scep­ti­cisme d’une par­tie de la popu­la­tion à l’égard de l’école publique, prin­ci­pa­le­ment. Dans les bureaux de l’hôtel de Roche­chouart, l’opération « job-dating » de la ren­trée de sep­tembre sou­li­gnait le peu d’at­trait qu’exerce le métier d’enseignant. Il fal­lait alors pas­ser à autre chose et réfor­mer un sec­teur dans le doute, ren­for­cé par l’assassinat du pro­fes­seur Samuel Paty le 16 octobre 2020.

Si Emma­nuel Macron espère avan­cer sur ces grands chan­tiers en 100 jours, du côté de l’Éducation natio­nale, on espère faire bou­ger les lignes à par­tir du 11 mai, jour de l’an­nonce des mesures en faveur de la mixi­té sociale.