Cette année les pollens sont coriaces et beaucoup de personnes ont été surprises de voir arriver leurs allergies plus tôt, plus fortement. Les températures particulièrement élevées en avril dernier puis en mai font effet. Retour sur les effets des pollens.
Le printemps, quel bon moment pour le nez et les yeux ! Ce printemps, les allergies s’imposent avec force. Pour les personnes habituellement allergiques, les symptômes sont plus virulents, certains ont même été obligés de changer de traitement car la molécule de l’antihistaminique ne faisait plus effet. Pour ceux qui s’étaient fait désensibiliser quand ils étaient jeunes, certains retrouvent pour la première fois leur sensibilité aux pollens (bien souvent dûe aux pollens de graminés). Enfin, certaines personnes découvrent pour la première fois, à 15 ans, 30 ans ou 50 ans, les symptômes de l’allergie aux pollens.
Une saison des pollens particulièrement en avance cette année
Les températures exceptionnellement élevées semblent avoir accéléré le développement des pollens. Dès le mois de décembre, le réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) a observé l’apparition des châtons jaunes (nom donné aux inflorescences) sur les noisetiers et les aulnes. Malgré les fortes pluies du mois de mai, les fleurs sont restées chargées en pollens. Nicolas Bruffaerts, collaborateur scientifique du service Mycologie et aérobiologie de Sciensano en Belgique explique : « Les concentrations en pollen d’aulne et de noisetier peuvent rapidement décoller, jusqu’à mille fois plus. Si le temps est maintenu sec sur une période prolongée, les grains de pollen pourraient se disperser en masse dans l’air. »
Des chiffres chocs sur les allergies
Les chiffres officiels des services de santé confirment l’impact accru du pollen sur la population. Selon le dernier rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les allergies liées aux pollens affectent actuellement plus de 40 % de la population mondiale, et ce chiffre est en constante augmentation. En outre, l’Agence de la Santé publique rapporte une augmentation de 15 % des consultations médicales liées aux allergies respiratoires cette année. Rappelons que les études sur l’allergie aux pollens indiquent que 30 à 35 % des adultes y sont concernés et environ 20 % des enfants à partir de 9 ans également. Selon l’INSERM, c’est trois fois plus qu’au début des années 2000. A la fin du mois de mai, le réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) a étendu à 90 départements son alerte rouge au pollens de graminées, de quoi se demander d’où vient l’ampleur de cette massification.
La massification des pollens, reflet d’un changement climatique
Le changement climatique joue un rôle clé dans cette montée des pollens. Les températures plus élevées, combinées à des hivers plus doux et des printemps plus précoces, favorisent la croissance des plantes et prolongent la saison pollinique. Une apparition si précoce des pollens a déjà été observée à plusieurs reprises par le passé mais le phénomène devient de plus en plus fréquent. Plus les températures sont hautes et l’air sec, plus ils exercent une forme de pression sur la reproduction des arbres et la teneur en pollens des fleurs.