Ce samedi 3 février donne le coup d’envoi de la traditionnelle tournée sud-américaine de terre battue, avec les qualifications de l’ATP 250 de Córdoba (Argentine). Afin de préparer au mieux les JO 2024 qui se disputeront sur cette surface, plusieurs grands noms ont opté pour cette tournée dans leur calendrier.

Les direc­teurs des tour­nois ATP sud-amé­ri­cains doivent se frot­ter les mains. Les pla­teaux de leurs épreuves ont rare­ment été aus­si rele­vés, et n’ont pas sou­vent comp­té autant de joueurs stars. Habi­tuel­le­ment attrayante uni­que­ment pour les joueurs locaux et les spé­cia­listes de terre bat­tue, la tour­née sud-amé­ri­caine a atti­ré cette année dans ses filets plu­sieurs poin­tures, sou­cieuses de prendre leurs marques le plus tôt pos­sible sur la sur­face argi­leuse en vue des Jeux Olym­piques qui approchent à grands pas.

Lorsque l’Open d’Australie touche à sa fin, trois choix de pro­gram­ma­tion s’offrent aux joueurs pour les cinq semaines sui­vantes de la sai­son. La pre­mière option, de loin la plus popu­laire, est de se diri­ger vers l’Europe, avec deux tour­nois en France (Mont­pel­lier, Mar­seille), un à Rot­ter­dam, puis un dou­blé au Moyen Orient avec les épreuves de Doha et de Dubaï, le tout sur sur­faces dures. Deuxième pos­si­bi­li­té, par­tir en Amé­rique du Nord pour jouer éga­le­ment sur dur, avec deux tour­nois aux États Unis puis deux au Mexique.

Le troi­sième choix est donc la tour­née sud-amé­ri­caine sur terre bat­tue, qui regroupe trois ATP 250 (Cór­do­ba et Bue­nos Aires en Argen­tine, San­tia­go au Chi­li) et un ATP 500 (Rio de Janei­ro au Bré­sil). Si cette pro­gram­ma­tion est très appré­ciée par les joueurs sud-amé­ri­cains, elle l’est beau­coup moins par le reste du globe, qui pré­fère habi­tuel­le­ment res­ter en Europe ou éven­tuel­le­ment par­tir en Amé­rique du Nord, afin de com­men­cer à pré­pa­rer les Mas­ters 1000 d’Indian Wells et de Mia­mi qui ont lieu début mars aux États-Unis sur dur.

Si la tour­née sud-amé­ri­caine n’a pas la côte dans le reste du monde, c’est en grande par­tie à cause des condi­tions de jeu. Il fait très chaud et très humide sur ce conti­nent en février, et jouer au ten­nis sous ce cli­mat est sou­vent rude et très exi­geant phy­si­que­ment, bien que les orga­ni­sa­teurs ne com­mencent les matchs qu’en fin d’après-midi pour limi­ter ce fac­teur. De plus, se trouvent de l’autre côté du filet des joueurs sud-amé­ri­cains for­més pour jouer dans ces condi­tions, qui sont donc capables de main­te­nir une haute inten­si­té plu­sieurs heures si néces­saire, por­tés par un public très bruyant et entiè­re­ment à leur cause. Rem­plis­sant géné­ra­le­ment les trois quarts des tableaux de cette tour­née, les sud-amé­ri­cains atteignent sou­vent leur meilleur niveau à ce moment de la sai­son, et pro­fitent de ces condi­tions qui leur sont favo­rables pour engran­ger un maxi­mum de points et d’argent. Seuls les joueurs spé­cia­listes de terre bat­tue ont donc un inté­rêt à opter pour cette tour­née, afin de jouer sur leur sur­face favo­rite tôt dans la sai­son. On retrouve donc quelques Espa­gnols, Ita­liens, Fran­çais ou euro­péens de l’Est, qui pré­fèrent riva­li­ser avec les sud-amé­ri­cains dans leur fief plu­tôt que jouer sur des sur­faces rapides qui ne conviennent pas à leur jeu.

Mais cette année, les JO de Paris 2024 ont radi­ca­le­ment chan­gé la donne. Consti­tuant un objec­tif majeur pour de nom­breux joueurs, plu­sieurs de ces der­niers en ont même fait une prio­ri­té abso­lue dans leur sai­son. L’épreuve des JO se dérou­lant sur terre bat­tue au sein des infra­struc­tures de Roland Gar­ros, plu­sieurs joueurs ont déci­dé de prendre part à la tour­née sud-amé­ri­caine, afin de com­men­cer en avance la sai­son sur terre bat­tue, au lieu d’attendre les pre­miers tour­nois euro­péens sur cette sur­face en avril.

Ain­si, le triple vain­queur en Grand Che­lem Sta­nis­las Wawrin­ka sera pré­sent en Amé­rique du Sud, et retrou­ve­ra un conti­nent qu’il n’a pas fré­quen­té depuis plus de 10 ans. Car­los Alca­raz, déjà vain­queur de deux Majeurs à 20 ans, sera éga­le­ment de la par­tie, ain­si que le croate Marin Cilic, vic­to­rieux à l’US Open en 2014. Le Bri­tan­nique Came­ron Nor­rie, récem­ment 8e joueur mon­dial, fou­le­ra éga­le­ment les courts sud-amé­ri­cains, tout comme le jeune pro­dige fran­çais Arthur Fils, qui béné­fi­cie déjà d’une popu­la­ri­té impor­tante dans le monde entier.

Si ces joueurs ne par­ti­ci­pe­ront pas tous à l’ensemble des quatre tour­nois pro­gram­més, leur pré­sence relève l’intérêt de la tour­née, qui n’est géné­ra­le­ment pas très sui­vie en rai­son du faible contin­gent de grands joueurs qu’elle attire. Les yeux des fans de ten­nis seront donc rivés sur l’Amérique du Sud en février, pour la plus grande joie des tour­nois concer­nés, qui trouvent un équi­libre par­fait avec des pla­teaux mixant joueurs locaux et stars inter­na­tio­nales. Et peu importe si ces der­nières venaient à ne pas faire de grands par­cours, leur simple venue suf­fit ample­ment à offrir à la tour­née sud-amé­ri­caine de terre bat­tue un suc­cès inédit.

 

Mat­thieu Cha­pe­ron, le 01/02/2024