En temps de peste, les rois avaient interdit les baisers. Henri IV leva cette interdiction. Aujourd’hui, les Français attendent le retour des contacts physiques. Le naturel reviendra-t-il au galop ?
Le “check” (le “poing-à-poing” en français), les coups de coude, les salutations par un coup de tête, les simples “bonjour” sont depuis plus d’un an les principales façons d’entrer en relation.
En mars 2020, dès le début de la crise, l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn soulignait ce changement d’habitude. Les dernières publicités dans les grandes métropoles et les journaux le rappellent : “N’oubliez pas les barrières qui sauvent”.
Agnès Buzyn sur le coronavirus: “les Parisiens vont changer leurs habitudes et ne plus se serrer la main”, “ils se taperont le coude ou le pied” pic.twitter.com/ksXmAUhQLg
— BFMTV (@BFMTV) March 1, 2020
Cet effort pour limiter la propagation du COVID entraînerait un changement culturel à long terme. Pourtant, celui-ci ne serait pas uniforme sur le territoire : les sudistes resteraient latins dans leur rapport au corps, contrairement aux nordistes, qui sont, historiquement, moins tactiles.
Les Français s’adaptent bien et certaines personnes sondées lors d’un micro-trottoir se réjouissent de “cette distanciation sociale”, qui permet “de revenir à l’essentiel”.
Fabienne Martin-Juchat, anthropologue, se réjouit du réajustement qu’entraînent les gestes barrières : “Même avant la crise sanitaire, il y avait un problème. On a assisté à une dérive de la bise, qu’on fait à tout bout de champs, notamment dans le milieu professionnel, depuis les années 1990. (…) Je pense en revanche que la distance sociale perdura en milieu professionnel.”
A l’inverse, David Le Breton, sociologue, parie sur la disparition des gestes-COVID et le retour à une vie normale : “Aux yeux de beaucoup de gens, quand on se tape le coude ou qu’on se touche le pied, on est un peu dans la caricature des gestes d’affection.”