Dans une étude publiée vendredi 29 octobre par la revue scientifique américaine Science Advances, des chercheurs ont observé les causes de l’évolution de la maladie d’Alzheimer dans différentes zones du cerveau. Cette découverte pourrait améliorer les traitements de dizaines de millions de patients à travers le monde.
La maladie d’Alzheimer nous dévoile peu à peu ses secrets. Des scientifiques révèlent, dans la revue Science Advances, la présence d’amas de protéines toxiques réparties dans le cerveau des patients atteints par la maladie. S’agrégeant au fil des années dans différentes zones de l’encéphale, ces protéines seraient responsables du déclin cognitif lié à la maladie d’Alzheimer. Première étude à s’appuyer sur des données humaines, celle-ci contredit les recherches jusque-là menées sur des souris.
Deux protéines produites dans le cerveau responsables d’Alzheimer
Les résultats de l’étude montrent que les molécules responsables de la dégénérescence ne s’établiraient pas à partir d’un point fixe du cerveau, mais s’installeraient très rapidement dans plusieurs zones de celui-ci. Selon le Dr. Meisl, professeur de chimie à l’université de Cambridge (Royaume-Uni) et principal auteur de l’article, « deux éléments ont rendu ce travail possible ». Ainsi, il se fonde sur « l’étude de données très détaillées venant de TEP-Scan [Tomographie par Émission de Positions couplée à un scanner] et de divers ensembles de données rassemblées » ainsi que sur « des modèles mathématiques qui ont été développés au cours des dix dernières années ».
L’exploitation de 400 échantillons de cerveaux humains de personnes décédées, atteintes de la maladie d’Alzheimer, couplée à l’analyse de 100 cerveaux de malades vivants par TEP-Scan, a permis de suivre l’évolution de deux protéines responsables : tau et bêta-amyloïde. Leur accumulation dans le cerveau provoque la mort des cellules cérébrales et un rétrécissement de l’encéphale.
Vers un possible traitement de la maladie d’Alzheimer
Co-auteur de l’étude et chercheur au département de chimie de l’université de Cambridge, le Pr. Knowles déclare que « cette recherche montre l’intérêt de travailler avec des données humaines plutôt qu’avec des modèles animaux imparfaits ». Le scientifique indique que « maintenant, nous sommes en mesure d’étudier ce processus au niveau moléculaire chez de vrais patients, ce qui est une étape importante pour un jour développer des traitements ». Avec ces nouvelles ressources disponibles, la recherche a progressé de façon considérable dans l’étude des maladies neurodégénératives. En effet, le professeur ajoute : « La principale découverte est que le fait d’arrêter la réplication des agrégats plutôt que leur propagation sera plus efficace aux stades de la maladie que nous avons étudiés ».
Dans un communiqué de l’Alzheimer’s Research UK, la chercheuse Sara Imarisio espère « que cette étude et d’autres permettront d’orienter le développement de futurs traitements ciblant la protéine tau, afin qu’ils aient plus de chance de ralentir la maladie et d’aider les personnes atteintes de démence. » À en croire le Pr. Knowles, ces nouvelles méthodes de recherche pourraient bien apporter une compréhension renouvelée de l’ensemble des maladies neurodégénératives, avec l’espoir pour des millions de patients de voir l’arrivée prochaine de traitements préventifs.